Romont (FR)Procès d'un hébéphile: il obtenait des ados tout ce qu'il voulait
Un homme attiré par les filles en début de puberté était jugé ce jeudi par le Tribunal de la Glâne. La procureure a requis 4 ans de prison ferme.

Sur le Net, le prévenu se montrait particulièrement habile pour mettre en confiance les ados.
Getty Images«Les femmes adultes lui font peur, surtout si elles s'assument sexuellement. En revanche, il est attiré par les jeunes filles en début de puberté, qu'il considère plus fragiles et plus dociles.» Telles sont les principales conclusions d'une expertise psychiatrique, demandée en vue du procès d'un hébéphile, qui s'est tenu jeudi à Romont (FR). C'est que cet homme, âgé de près de 40 ans et père d'un jeune garçon, ne s'est pas contenté de fantasmer sur les ados. Il les a aussi traquées sur les réseaux.
Le Ministère public lui reproche notamment d'avoir élaboré et mis en pratique une stratégie pour repérer de jeunes adolescentes et les mettre en confiance, au point qu'il obtenait d'elles tout ce qu'il voulait, ou presque. Il est ainsi parvenu à se faire remettre des photos de nus, y compris d'une gamine de 11 ans, à avoir des conversations à caractère sexuel et même à avoir des rapports intimes avec une jeune fille de 15 ans (lire encadré). Dans le lot, toutefois, il a aussi approché un chasseur de pédophiles, qui l'a dénoncé, ainsi qu'un policier se faisant passer pour une ado de 14 ans.
«Je regrette» et «je ne me souviens pas»
Son ordinateur et son téléphone ayant parlé, de nombreuses accusations pèsent contre lui. S'il a admis les faits dans la plupart des cas et qu'il affirme les regretter, le prévenu a surtout tenté de les minimiser. Et lorsque les questions posées ne lui laissaient aucune porte de sortie, il souffrait subitement d'amnésie. En bref, les mots les plus prononcés ont été: «je regrette» et «je ne me souviens pas».
Ostensiblement agacée par le comportement du prévenu, la procureure a souligné son «absence totale de remise en question». Elle considère qu'il est «dangereux» et que sa place est en prison. Elle a donc requis une peine ferme de 4 ans et demandé une thérapie psychiatrique ambulatoire, ainsi qu'une interdiction à vie d'exercer une activité impliquant des enfants.
Pour sa part, la défense a estimé qu'une peine avec sursis serait suffisante. Elle a notamment avancé que les faits se sont déroulés dans un contexte particulier. «Nous étions en plein Covid. Mon client venait de se séparer et il ne voyait plus son fils ni ses amis», a-t-elle expliqué. Le verdict sera rendu ultérieurement.
Mineure et pas consentante
Une nuit d'été de 2021, une jeune fille de 15 ans s'est discrètement échappée de la maison pour rejoindre le prévenu. À peine était-elle montée dans sa voiture qu'il lui a sauté dessus. Sans qu'elle comprenne comment, elle s'est retrouvée à quatre pattes, la tête tapant dans une vitre. Et ce n'est que lorsque le trentenaire a tenté de pénétrer son anus qu'elle lui a clairement dit non. Ce qu'il a respecté. Mais ils se sont revus le lendemain. Et, cette fois, il ne s'est pas arrêté. Il lui aurait imposé un rapport anal. Pouvait-il se douter qu'elle avait moins de 16 ans? L'a-t-il contrainte sexuellement? Le tribunal devra trancher. Présente aux débats, la plaignante a réclamé 20'000 francs.
Le phénomène du cybergrooming
Statistiquement, 12% des 12-13 ans et 25% des 14-15 ans sont contactés par des inconnus qui leur demandent des photos érotiques, alerte la Fondation Pro Juventute. «C'est le phénomène de cybergrooming. L’adulte inconnu tente de gagner la confiance du jeune, afin qu'il lui transmette des informations ou des images, ainsi que pour obtenir une relation virtuelle avec du sexting, détaille Anne-Florence Débois. L’inconnu va utiliser des références communes, s’intéresser au jeune, rechercher un lien d’amitié, envoyer aussi des photos et vidéos, parfois d’abord anodines. C’est ce «faux» lien qui explique que le jeune lui fait confiance. Dans ce contexte, l'éducation numérique est primordiale.»
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