Russie: un an après, hommage aux victimes de l'attentat du Crocus

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RussieUn an après, le souvenir de «l'horreur» de l’attentat du Crocus

Les Russes ont rendu hommage samedi aux victimes de l'attaque du Crocus City Hall, en banlieue de Moscou, qui avait fait au moins 145 morts et 360 blessés.

Un monument consacré aux victimes a été inauguré samedi en présence du gouverneur de la région de Moscou.

Un monument consacré aux victimes a été inauguré samedi en présence du gouverneur de la région de Moscou.

AFP

Des centaines de Russes ont déposé samedi des fleurs sur les lieux de l’attentat du Crocus City Hall à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou, pour rendre hommage aux 145 personnes ayant péri dans ce drame il y a un an.

Maxime Bournaïev, un ouvrier de 34 ans qui était le jour de l’attaque, le 22 mars 2024, avec sa femme parmi les 5000 spectateurs d’un concert d’un groupe de rock russe à cet endroit, confie à l’AFP son «émoi» en se retrouvant sur place et se souvient de «l’horreur»: «des gens tués, comme dans un film». Des hommes armés avaient alors ouvert le feu au Crocus City Hall, avant d’y mettre le feu. Bilan: au moins 145 morts et 360 blessés, soit le pire attentat commis en Russie depuis 2004. «J’ai eu des palpitations quand je me suis approché du Crocus, même si un an a passé», raconte Maxime.

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«Comment ne pas venir ici?»

Après plusieurs séances avec un psychologue, il tente aujourd’hui de «laisser» les mauvais souvenirs derrière lui, mais les images des corps ensanglantés qu’il avait vus dans les couloirs de la salle, lorsqu’il s’était enfui avec sa femme, le hantent toujours.

Un monument consacré aux victimes a été inauguré samedi en présence du gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiev, près du bâtiment fortement endommagé par les flammes. Au son d’une musique du compositeur Rakhmaninov, la foule a déposé des fleurs, des photos de proches morts et des ours en peluche au pied de ce mémorial, deux piliers en marbre noir avec des grues s’envolant vers le ciel. Maria Joukovskaïa, une bénévole d’une association de 37 ans, essuie ses larmes: «Comment ne pas venir ici? Ne pas rendre hommage à ces gens qui vivaient, rêvaient? Tout s’est écroulé pour eux en une seconde».

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Que les coupables «soient punis»

La plupart de ceux que l’AFP a interrogés après la cérémonie ont préféré ne pas se prononcer sur l’enquête, ni sur les instigateurs de ce massacre. Début mars, la justice américaine avait annoncé l’arrestation de Mohammad Sharifullah, un responsable du groupe État islamique (EI), considéré comme une organisation terroriste et interdit en Russie, qui est soupçonné d’avoir préparé l’attentat de l’aéroport de Kaboul ayant coûté la vie à 183 personnes, dont treize soldats américains, en 2021. Cet homme aurait aussi admis «avoir partagé des instructions sur l’usage» des kalachnikovs avec des auteurs de l’attaque du Crocus. Il aurait notamment «reconnu» deux des quatre assaillants arrêtés en Russie, affirmant que c’était bien à eux qu’il avait donné des directives.

Anna, une secrétaire de 40 ans qui a perdu une proche dans l’attentat, veut que «tous les coupables soient punis». «Et pas seulement ceux qui ont participé à l’attentat. Mais (aussi) les autres, les organisateurs et peut-être même les autorités», dit-elle.

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Enquête terminée

Le Comité d’enquête russe a assuré samedi dans un communiqué avoir «terminé l’enquête» concernant les 19 personnes impliquées et arrêtées, dont les quatre assaillants. «Les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que l’acte terroriste avait été planifié et organisé par les services secrets d’un État inamical dans l’objectif de déstabiliser la situation en Russie», a-t-il souligné, sans préciser de quel État il s’agissait.

De longues semaines après l’attentat, la Russie avait pour la première fois attribué à l’EI la coordination de l’attentat, sans pour autant renier toutes ses charges contre l’Ukraine, accusée d’avoir été derrière la tragédie. Les services russes n’ont toutefois jamais apporté de preuves pour étayer leurs allégations, tandis que Kiev a toujours catégoriquement rejeté toute implication. «Des membres d’une organisation terroriste internationale» y ont participé, relève sobrement le communiqué du Comité d’enquête. Sans donner de nom.

(afp)

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