Sotchi-2014Sans patineur aux JO, la Suisse repart de très loin
Triste première pour le patinage helvétique: pour la première fois dans l'après-guerre, aucun Suisse ne participera aux Jeux olympiques, dans quatre mois à Sotchi.
Le réservoir s'est tari, la génération spontanée de champions n'est plus là, tandis que la fédération nationale s'efforce de professionnaliser ses structures afin de remonter la pente.
La saison s'ouvre ce week-end avec le Skate America à Detroit, étape inaugurale du Grand Prix dont les Suisses seront absents. Ils ne seront pas davantage présents à Sotchi puisqu'aussi bien Stéphane Walker que Tina Stürzinger et les danseurs Ramona Elsener/Florian Roost ont manqué la dernière occasion de décrocher le ticket olympique lors du Nebelhorn Trophy à Oberstdorf. Walker (15e) et Stürzinger (23e) ont échoué assez nettement, alors que les danseurs (15es) n'ont raté le coche que pour quelques points.
Il y a deux ans encore, Swiss Ice Skating espérait pouvoir qualifier un groupe pour l'épreuve par équipes qui fera son entrée aux JO à Sotchi. Las, la Suisse n'a plus de patineurs de couples! En individuel, le meilleur Helvète au classement mondial, Walker, figure au 60 rang, Tina Stürzinger étant 103e. Romy Bühler, minée par les blessures, a mis fin à sa carrière tandis qu'Alisson Perticheto (16 ans) concourt pour les Philippines tout en s'entraînant sous l'aile de Peter Grütter, l'ex-coach de Stéphane Lambiel.
«Nous devons tirer les leçons de cette absence aux JO», admet Diana Barbacci Lévy, responsable des compétitions internationales à Swiss Ice Skating. Un remaniement est en cours, avec l'engagement d'un directeur, Martin Häfelfinger, qui occupe un poste nouvellement créé afin de décharger les gens du terrain des tâches administratives. Après le règne de seize ans de Roland Wehinger, la fédération a aussi élu un nouveau président, Thomas Häni, et s'est choisi une nouvelle responsable du sport d'élite - Stephanie Merkli - après le départ de Rahel Schmid.
Mais certains problèmes de fond subsistent. «Contrairement à d'autres pays, nous n'avons pas de centre d'entraînement où tous les meilleurs se réuniraient», relève la cheffe de presse de la fédération Claudia Moor. Swiss Ice Skating n'a pas les moyens de rémunérer des entraîneurs. La préparation reste donc une affaire essentiellement privée. Du reste, les coaches privés tiennent souvent à leurs prérogatives.
«Nous allons devoir chercher tout en bas, chez les petits, les novices, pour détecter les talents et les envoyer tôt se frotter à la concurrence internationale», reprend Diana Barbacci Lévy. «Le niveau général monte, et il nous faut pour progresser multiplier les échanges avec les pays voisins.»
Dans cette optique, l'espoir du Jura bernois Nicola Todeschini (16 ans) est parti s'entraîner au sein du pôle d'Annecy, dirigé par Didier Lucine. D'autres, à l'image d'une petite Tessinoise, sont séduits par l'Allemagne. Mais l'exil n'est pas sans risque: Elsener/Roost ont dépensé de grosses sommes pour se préparer durant trois mois à Detroit cet été mais ont raté leur sélection olympique.
Pour l'instant, c'est la spirale négative, «l'effet domino», comme le dit Claudia Moor. «Il manque une dynamique, une émulation.» La Suisse a «juste» besoin d'un nouveau champion pour servir de modèle et entraîner les autres dans son sillage... (si)