SantéBientôt un simple comprimé pour soigner Ebola?
Un antiviral utilisé contre le Covid-19, administré dans une nouvelle forme orale à des singes infectés, a permis la guérison dans 100% des cas, révèle une étude.

Le virus Ebola a été identifié pour la première fois en 1976. Depuis, il a fait plus de 15'000 morts en Afrique.
Photo d'illustration/CDC/UnsplashEbola pourrait-il être soigné avec un simple comprimé? C'est l'espoir que fait naître une nouvelle étude américaine, publiée vendredi 14 mars dans la revue «Science Advances». Selon ces travaux, des singes infectés par le virus ont été guéris à l’aide d’un traitement administré par voie orale. Cette avancée pourrait ouvrir la voie à des traitements plus pratiques et abordables chez les humains.
Identifiée pour la première fois en 1976 et considérée comme provenant de chauves-souris, la maladie à virus Ebola est souvent mortelle et se transmet par fluides corporels, avec pour principaux symptômes des fièvres, des vomissements, des saignements et des diarrhées. Depuis sa découverte, elle a fait plus de 15'000 morts en Afrique.
Il y a bien un traitement, le vaccin Ervebo, préqualifié depuis 2019 par l'Organisation mondiale de la santé, mais il n’est pas efficace contre toutes les souches, notamment contre la souche Ebola-Soudan, responsable actuellement d’une épidémie en Ouganda, où douze personnes sont mortes depuis fin janvier 2025.
Deux traitements par anticorps intraveineux existent également, mais ils restent coûteux et difficiles à administrer, notamment dans les régions les plus pauvres du monde. «Nous avons vraiment essayé de trouver quelque chose de plus pratique, de plus facile à utiliser, qui pourrait être utilisé pour aider à prévenir, contrôler et contenir les épidémies», a expliqué Thomas Geisbert, virologue à l’Université du Texas, qui a dirigé la nouvelle étude.
«Nous avons vraiment essayé de trouver quelque chose de plus pratique, de plus facile à utiliser»
Thomas Geisbert et ses collègues ont testé l’antiviral obeldesivir, la forme orale du remdesivir intraveineux, un médicament notamment utilisé contre le Covid-19. L’équipe a infecté deux espèces de macaques avec une forte dose du Makona, un variant d’Ebola-Zaïre, l’une des souches à l’origine d’une grande épidémie.
L’obeldesivir a guéri 100% des macaques rhésus, l’espèce la plus proche biologiquement des êtres humains. Le médicament a également déclenché une réponse immunitaire chez les primates, les aidant à développer des anticorps.
Essais suspendus à l'aide américaine
Si l’expérience repose sur un nombre d'individus relativement faible, l’étude reste significative, assure Thomas Geisbert, soulignant que les singes avaient été exposés à une dose extraordinairement élevée du virus. Selon le chercheur, l’un des aspects les plus intéressants de l’obeldesivir est le «spectre étendu» qu’il offre par rapport aux traitements à base d’anticorps qui ne fonctionnent que contre Ebola-Zaïre.
Le fabricant pharmaceutique américain Gilead soumet actuellement l’obeldesivir à des essais cliniques pour le virus de Marburg, qui appartient à la même famille qu’Ebola. Mais Thomas Geisbert met en garde contre les coupes budgétaires drastiques prévues par le gouvernement de Donald Trump, rappelant que les traitements et vaccins développés contre Ebola et d’autres virus reposent à 90% sur des financements publics.