Euthanasie: la Belgique, destination pour les Français en fin de vie

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SantéDe plus en plus de Français vont en Belgique se faire euthanasier

Alors que le débat sur la fin de vie piétine en France, les personnes à passer la frontière pour mettre fin à leurs jours sont toujours plus nombreuses.

En Belgique, l'euthanasie active est autorisée depuis 2023. La France, elle, pourrait légaliser prochainement sous condition une «aide active à mourir», de fait une forme de suicide assisté.

En Belgique, l'euthanasie active est autorisée depuis 2023. La France, elle, pourrait légaliser prochainement sous condition une «aide active à mourir», de fait une forme de suicide assisté.

Photo d'illustration/IMAGO/Pond5 Images

Les Français continuent de représenter une énorme majorité des étrangers venant réclamer l’euthanasie en Belgique et 106 demandes ont pu aboutir en 2024, en légère hausse par rapport à l'année précédente (101) mais le double de 2022 (53), selon des chiffres publiés mercredi par l’autorité belge de contrôle de cet acte médical.

En Belgique, pays pionnier où la pratique est encadrée par la loi depuis 2002, près de 4000 euthanasies ont été enregistrées en 2024, en hausse de plus de 16% sur un an. Parmi elles, 120 ont été pratiquées sur des non-résidents, des Français dans neuf cas sur dix. Les autres pays d’origine recensés – Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Hongrie, Portugal et Angleterre – ne comptent qu’un ou deux ressortissants dans ces statistiques.

Ces données constituent une évaluation «minimale», a souligné la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCE). En effet, jusqu’à une évolution juridique entrée en application en mars 2024, l’indication du lieu de résidence du patient n’était pas obligatoire dans le document d’enregistrement de l’euthanasie transmis à la commission.

Concernant les Français, les demandes qui aboutissent ne sont que «la partie émergée de l’iceberg», a relevé Jacqueline Herremans, membre de la CFCE et présidente de l’Association belge pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Cette association reçoit de France «quatre à cinq demandes par courriel chaque jour», a-t-elle précisé.

Autorisée aux mineurs

En Belgique, la demande d’euthanasie doit être «volontaire, réfléchie, répétée», «sans pression extérieure», selon un texte promulgué en mai 2002. Le geste médical a été demandé, en 2024, dans huit cas sur dix par des malades souffrant de cancer (54%) ou de polypathologie (26,8%).

En 2014, la Belgique est devenue le premier pays à autoriser l’euthanasie pour les mineurs sans limite d’âge. Il y a eu un cas l’an dernier, portant à six le total depuis une décennie.

En France, le Parlement pourrait légaliser sous condition une «aide active à mourir», de fait une forme de suicide assisté. Le texte de loi devrait être examiné en mai à l’Assemblée nationale, où les échéances sur ce sujet ont été reportées à de multiples reprises, notamment en raison de la dissolution en 2024.

Quid de la Suisse?

Contrairement à la Belgique, la Suisse n'autorise pas l'euthanasie active directe (lorsqu'un médecin administre une substance létale). C'est le patient lui-même qui doit faire ce geste, raison pour laquelle on parle de suicide assisté. Or, chez Exit, celui-ci est réservé à des personnes domiciliées dans notre pays. En revanche, Dignitas le permet à des non-résidents. En 2023, 235 personnes se sont rendues en Suisse pour mettre fin à leurs jours avec cette association. La majorité provenaient de France (50 personnes), de Grande-Bretagne (40) et d'Italie (23). (egr)

(afp)

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