Thérapie génique: les CAR-T, une avancée majeure contre le cancer

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SantéLes CAR-T, révolution dans la lutte contre les cancers du sang

Depuis quelques années, le traitement des leucémies et lymphomes bénéficie d'une nouvelle arme issue du génie génétique. Portrait avec une hématologue du CHUV.

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Les CAR-T (ici en bleu) sont des globules blancs, les lymphocytes T, modifiés génétiquement pour qu'ils puissent reconnaître les cellules cancéreuses et les détruire.
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Les lymphocytes T sont prélevés chez le patient, puis on leur introduit, en laboratoire, un récepteur, le CAR. Ils sont ensuite réinjectés dans le corps via une perfusion.
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Pour la Professeure Caroline Arber-Barth, du Service d'hématologie et d'immuno-oncologie du CHUV, les CAR-T ont révolutionné la prise en charge des cancers hématologiques.
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Les CAR-T (ici en bleu) sont des globules blancs, les lymphocytes T, modifiés génétiquement pour qu'ils puissent reconnaître les cellules cancéreuses et les détruire.

IMAGO/Depositphotos

En Suisse, le cancer le plus fréquent avant l'âge de 19 ans, c'est la leucémie. À elle seule, elle représente 25% des cancers touchant les jeunes. Le lymphome, 15%. Et chez les adultes, les lymphomes agressifs et les myélomes sont les cancers du sang les plus fréquents. Or, depuis quelques années, une nouvelle arme appelée «CAR-T», issue de la thérapie génique, permet d'attaquer ces cancers hématologiques sous un nouvel angle. En quoi consiste ce traitement révolutionnaire? Explications de la Professeure Caroline Arber Barth, hémotologue et chercheuse au Service d'hématologie et d'immuno-oncologie du CHUV.

C'est quoi, les CAR-T?

«Les CAR-T – prononcez «carti», ndlr – sont une immunothérapie personnalisée, autrement dit un traitement qui stimule le système immunitaire du malade pour qu'il reconnaisse et détruise lui-même les cellules cancéreuses. Ils sont utilisés, depuis 2017, pour des cancers tels que leucémie, lymphome et myélome multiple. Des études sont en cours pour évaluer aussi leur efficacité sur des tumeurs solides (ex. cerveau), mais cette application n'est pas encore autorisée.»

Comment agissent-ils?

«Les CAR-T sont fabriqués à partir d'un type de globules blancs, les lymphocytes T. On les prélève et modifie génétiquement en laboratoire: on leur introduit un récepteur antigénique chimérique (CAR), sorte de tête chercheuse ciblant une structure spécifique, par exemple le CD19, qui se trouve à la surface des cellules cancéreuses. Une fois réinjectés dans le corps du patient, les CAR-T repèrent ces cellules cancéreuses et activent alors le lymphocyte T pour qu'il les détruise.»

Quels sont leurs avantages?

«Cette technologie permet de traiter des patients qui ne répondent pas bien aux chimiothérapies classiques. Il faut savoir que les tumeurs sont des organismes vivants, qui s’adaptent et trouvent des moyens pour résister aux médicaments. Les CAR-T sont donc un outil incroyable, car ils peuvent être proposés dans des situations difficiles où aucune solution curative n'existait auparavant. Pour les patients, cela a vraiment fait une différence.»

Il y a des effets secondaires?

«Les CAR-T entraînent une réaction inflammatoire du système immunitaire, qui se manifeste par de la fièvre, des frissons, des chutes de tension ou des difficultés respiratoires. Ils présentent aussi un risque de toxicité neurologique avec, à la clé, troubles de la parole, difficultés à lire ou à reconnaître des personnes, ou encore désorientation. Ces réactions, généralement passagères, peuvent être traitées. Des études cliniques font aussi état de patients décédés, mais c'est très rare.»

On peut guérir du cancer grâce aux CAR-T?

«Aujourd'hui, les oncologues ne parlent pas de guérison, en général. Mais avec il est vrai que certains malades atteints d'un lymphome ou d'une leucémie peuvent connaître des rémissions à très long terme après avoir été traités avec des CAR-T. Si au bout de cinq ans, il n’y a aucun signe de retour du cancer, il y a de fortes chances que la maladie ne revienne plus.»

Comment le cancer se développe

«Le cancer se développe toujours à partir d’une cellule saine, explique Caroline Arber Barth. À un moment donné, celle-ci se dérègle et commence à proliférer sans contrôle. Lorsqu'une cellule devient cancéreuse, le système immunitaire, qui normalement fait la police et élimine tout ce qui est anormal dans le corps, ne la perçoit plus ou la prend pour une cellule saine et la laisse tranquille.»

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