Sécurité en EuropeÉlus inquiets: la Suisse devient comme «le trou d'un donut»
Le Conseil national a voté une déclaration appelant à un renforcement de la collaboration avec l'Europe, dans le contexte géopolitique turbulent qu'elle connaît.

La majorité des élus veulent une collaboration plus proche avec l'Europe.
20min/Matthias SpicherLa paix en Europe était au menu des élus du Conseil national ce jeudi, mais ils n'ont même pas réussi à faire la paix entre eux. Même en étant d'accord, ils sont arrivés à se tirer dans les pattes. Une «déclaration» a été adoptée à la majorité, appelant notamment le Conseil fédéral à «renforcer le rôle de la Suisse en tant que partie intégrante de l'architecture de sécurité européenne». Le texte salue aussi «les efforts des États européens pour développer une politique de sécurité plus forte et plus autonome», au lendemain du discours d'Emmanuel Macron disant que «rester spectateur serait une folie».
La gauche et le PLR étaient d'accord sur tous les points, ce qui ne les a pas empêchés de s'envoyer des piques lors de la discussion. On salue le renforcement de la sécurité européenne? «J'invite donc la gauche à voter l'augmentation des budgets militaires, à arrêter de demander l'abolition de l'armée ou de parler de l'armée comme d'un club folklorique», a lancé Damien Cottier (PLR/NE), qui a jugé que la déclaration, portée aujourd'hui par la gauche, «enfonce des portes ouvertes» et ne fait que reprendre les revendications PLR de ces trois dernières années.
F-35 et donuts: le spectre américain plane
Contre-attaque à gauche. «Votre président de parti a dit qu'il fallait désormais acheter des armes européennes et non américaines; une idée que je trouve tout à fait pertinente. Sur ce sujet aussi, le PLR dit la même chose depuis trois ans, comme avec les F-35?» a taclé Raphaël Mahaim (Verts/VD). Réponse: «Vous avez probablement remarqué que la situation aux États-Unis a quelque peu changé.»
Les Vert'libéraux ont aussi approuvé la déclaration, avec une métaphore culinaire en prime. «La Suisse ne doit pas être le trou dans le donut en matière de politique de sécurité, mais elle doit s’intégrer sur le bord solide de ce donut. Parce que quiconque s’en détourne aujourd’hui sera demain submergé par l’histoire», selon Patrick Hässig (Vert'lib/ZH).
Seule l'UDC dit non
L'UDC était le seul parti opposé au texte. «La pression sur notre Parlement est grande et la majorité de centre-gauche nous pousse de plus en plus à prendre parti. C’est absurde: la même gauche pacifiste qui a toujours combattu notre industrie d’armement et appelé à l’abolition de l’armée prône désormais l’exportation d’armes et le soutien militaire à une partie belligérante», a dit Walter Gartmann (UDC/SG). Il ne devrait pas trop s'en faire, selon Damien Cottier. «Est-ce que cette déclaration aura des effets en politique extérieure? Je ne le pense pas», a-t-il déclaré.