Dans la nuit de Novi Sad, la jeunesse serbe réclame la justice

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Serbie«La peine nous unit, nous sommes là pour la justice»

Trois mois après l’effondrement mortel de la gare de Novi Sad, des milliers d'étudiants ont manifesté toute la nuit pour dénoncer la «corruption» dans le pays.

Les étudiants ont bravé le froid en passant la nuit de samedi à dimanche dehors.

Les étudiants ont bravé le froid en passant la nuit de samedi à dimanche dehors.

AFP

Enroulés dans des couvertures, réunis autour d’un feu pour lutter contre les températures négatives, des milliers d’étudiants serbes ont bravé le froid et la fatigue pour manifester toute la nuit de samedi à dimanche contre la corruption, unis «pour la justice».

«La corruption tue»

«Il fait froid, mais on s’est habitués. Ça fait deux mois qu’on dort dans notre université», explique au milieu de la nuit Andrea Laco, étudiante à l’université de Novi Sad. C’est dans cette ville, la deuxième de Serbie, qu’ont convergé depuis samedi après-midi des dizaines de milliers de manifestants, trois mois jour pour jour après l’effondrement mortel de l’auvent en béton de la gare, qui venait d’être rénovée.

Cet accident, qui a tué quinze personnes, a rallumé une colère rampante contre la corruption. Une partie du pays y voit le résultat d’un népotisme qu’ils dénoncent à chaque rassemblement en scandant «la corruption tue». «La peine nous unit, nous sommes là pour la justice», ajoute Andrea Laco. A côté d’elle, certains font des mots croisés, d’autres serrent leur chien dans leurs bras pour se réchauffer dans le froid qui a enrobé la ville. Des tracteurs et des motos entourent le campement pour le protéger.

Dizaines de milliers de personnes

Quelques attaques ont émaillé les cortèges depuis le début des manifestations et plusieurs étudiants ont été blessés. Sans que cela entame la joie et l’énergie qui habitent les manifestations depuis le début et ont attiré au côté des jeunes, des retraités, des professeurs, des agriculteurs...

Une partie des manifestants installés dans le campement sont arrivés à pied depuis la capitale, Belgrade, à 80 kilomètres, d’autres à vélo, en voiture... Au total, des dizaines de milliers de personnes étaient réunies samedi dans la soirée, selon les journalistes de l’AFP. Il s’agit de l’une des plus importantes manifestations que la ville ait connues depuis celles qui ont fait tomber Slobodan Milosevic à la fin des années 90. Aucun comptage indépendant n’était disponible dimanche matin.

Après avoir occupé trois ponts pendant plusieurs heures, une partie des manifestants a convergé vers le principal, le pont de la Liberté, avant d’y passer la nuit à jouer au basket, à lire, discuter...

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Démission du Premier ministre

Les organisateurs étudiants, après avoir organisé un vote avec les résidents locaux, ont déclaré qu’ils prévoyaient de mettre fin au blocage du pont principal de la ville plus tard dimanche, après avoir nettoyé la zone occupée par les manifestants, selon un journaliste de l’AFP sur place.

La détermination des manifestants a poussé le gouvernement et le président, le nationaliste Aleksandar Vucic au pouvoir depuis plus de dix ans, à céder sur une partie des revendications: treize étudiants et professeurs arrêtés pendant des manifestations ont été graciés, de nombreux documents relatifs à la rénovation de la gare ont été publiés. Et le Premier ministre, Milos Vucevic, ainsi que le maire de Novi Sad ont démissionné.

Mais ces décisions des autorités (qui accusent régulièrement les manifestants d’être des agents de l’étranger) n’ont pas fait rentrer chez eux les manifestants, qui demandent notamment la publication de tous les documents – dont les contrats passés avec une entreprise chinoise.

(afp)

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