Service militaireUne majorité de Français favorable à son retour
Un sondage indique qu’une majorité de Français sont en faveur du retour du service militaire obligatoire.

Des soldats français se rassemblent après une simulation de combat lors des manœuvres ’’Scorpion Days’’ au camp de Canjuers, dans le Var, en France, le 4 mars 2025.
AFPUne majorité de Français se dit globalement favorable au rétablissement du service militaire (86%), et même au service obligatoire (53%), d’après un sondage publié samedi au moment où plusieurs pays européens s’interrogent sur le retour de la conscription dans un contexte géopolitique bouleversé.
Le débat sur le retour du service militaire ressurgit depuis que le président américain Donald Trump a remis en cause son aide militaire à l’Ukraine et aux Européens, faisant basculer l’Europe dans une incertitude inédite.
Il prend de l’ampleur en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France, sur les moyens d’augmenter les effectifs des armées face au danger de ce que les Occidentaux perçoivent comme «l’impérialisme» russe.
Des résultats différents selon la tranche d’âge
À la question «êtes-vous favorable ou non au retour du service militaire en France?», 32% disent oui à un service obligatoire pour les femmes et les hommes, 21% à un service obligatoire uniquement pour les hommes et 33% sur la base du volontariat. Au total, 53% des personnes se disent donc favorables au retour d’un service national obligatoire, selon ce sondage Ipsos-CESI Ecole d’ingénieurs, publié par le quotidien «Le Parisien».
Les résultats varient selon la tranche d’âge: 41% des moins de 35 ans sont favorables au service obligatoire, contre 63% chez les 60 ans et plus. Seuls 14% des sondés se disent totalement défavorables à son rétablissement.
Par ailleurs, les Français se disent opposés à des sacrifices tels qu’une baisse des prestations sociales ou le recul du départ à la retraite pour financer l’augmentation des dépenses militaires.
«La patrie a besoin de vous et de votre engagement»
Dans une allocution télévisée le 5 mars, le président français Emmanuel Macron a prévenu solennellement les Français qu’il faudrait «des réformes, du choix, du courage», dans la «nouvelle ère» qui s’esquisse face à un rapprochement entre les États-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.
«Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie», a-t-il lancé, ajoutant: «La patrie a besoin de vous et de votre engagement».
Dans un entretien publié samedi par plusieurs journaux régionaux, Emmanuel Macron a présenté son intention d’annoncer «dans les prochaines semaines une grande refonte» du service national universel (SNU), «qui correspondra aux besoins de la nation et aux priorités identifiées», mais a estimé que le retour du service militaire obligatoire n’était pas «une option réaliste».
Le service militaire arrêté en pratique depuis 2001
Selon lui, la France «n’a plus la base, plus la logistique» pour remettre en place une conscription. «À partir du moment où on est allé vers la professionnalisation de nos armées, focalisées sur l’opérationnel, les réemployer pour encadrer 800’000 jeunes […] n’est absolument pas un schéma opérant», a-t-il justifié.
Le président Jacques Chirac avait annoncé en 1996 la professionnalisation des armées. Le service militaire s’est arrêté en pratique en France le 29 novembre 2001.
Lancé en 2019 mais pas généralisé à ce jour, le SNU comporte actuellement une «mission d’intérêt général» et un «séjour de cohésion» comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la «levée des couleurs» (drapeau et hymne national) et port de l’uniforme.