«Sharenting»Le National veut mieux protéger les droits des enfants sur le web
Les élus ont accepté une motion qui veut lutter contre le phénomène du «sharenting», soit quand les parents partagent des photos de leurs enfants sur Internet, les exposant ainsi à des risques.

De nombreux parents publient sur internet des photos de leurs enfants, sans penser aux risques que les images soient détournées à des fins criminelles.
IMAGO/DepositphotosDe nombreux parents publient régulièrement sur les réseaux sociaux des photos trop mignonnes de leur progéniture. Sans penser une seconde à leur droit à l'image et aux risques. Cela s'appelle le «sharenting», contraction du mot «share» pour «partager» et «parenting» pour les parents. Un phénomène contre lequel voulait lutter l'ancienne conseillère nationale Valentine Python (Verts/VD). Sa motion, reprise par Raphaël Mahaim (Verts/VD), a été acceptée mercredi par le National par 98 voix à 92.
«Le partage de photos d'enfants sur Internet est devenu le pain quotidien de beaucoup de monde», a souligné mercredi Raphaël Mahaim. Selon une étude britannique, un enfant a déjà vu en moyenne 1300 fois une photo de lui publiée sur le net avant ses 13 ans. «C'est déjà une atteinte à sa sphère privée, à son image et à son droit à l'image», a rappelé l'élu.
Détournement pour la pédopornographie
Avec parfois des conséquences dramatiques. «De plus en plus, des parents se retrouvent confrontés à des images de leurs enfants détournées ou utilisées dans des réseaux de pédocriminalité ou modifiées avec l'intelligence artificielle pour produire des «deepfakes» et ensuite procéder à du chantage ou à des menaces», a-t-il souligné.
Le «sharenting» prend une ampleur telle que certains pays se sont mis à réglementer la question. Selon Raphaël Mahaim, il faut agir aussi en Suisse, en ancrant par exemple dans la loi le principe selon lequel le droit à l'image des enfants doit être particulièrement protégé par les parents. «On pourrait aussi travailler sur la protection des données, qui ne comprend pas de dispositions spécifiques par rapport au droit à l'image des enfants».
Le Conseil fédéral était opposé à la motion. «Mieux vaut poursuivre le travail d'information et de sensibilisation auprès des parents qui sont malheureusement très actifs sur les réseaux sociaux», a lancé Elisabeth Baume-Schneider.
Le Conseil des États doit désormais se prononcer.
Pratique répandue en Suisse aussi
En Suisse, la Protection de l'enfance a rappelé en juillet que le problème existait aussi chez nous. Selon une étude de l'Université de Fribourg, un papa-maman sur dix publie «régulièrement» des images de ses enfants. Certains toutes les semaines. La moitié d'entre eux a entre 36 et 40 ans, et 45% des «coupables» ne demandent pas la permission à leur progéniture avant de poster le cliché.