SuisseSoyez vigilant lors de l'achat en ligne d'un chien
Acheter un chien sur internet et l'importer comporte de gros risques. L'Office fédéral des affaires vétérinaires et le Protection suisse des animaux lancent une campagne.

Yoda, une petite bouledogue française, est arrivée illégalement en Suisse, malade et très mal en point. Elle a pu être sauvée de justesse. Mais beaucoup de ses congénères n'ont pas eu cette chance.
photo: Kein Anbieter/dr«Ouvrez l'oeil avant d'acheter un chien!» C'est le nom de la campagne d'information qu'a lancée ce jeudi l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) conjointement avec la Protection suisse des animaux (PSA). But avoué: lutter contre le commerce illégal qui sévit en Suisse, mais aussi en Europe.
Car, aujourd'hui, au moins un chien sur deux s'achète sur internet, via des petites annonces alléchantes, voire émouvantes. «En 2014, 23'106 chiens ont été enregistrés officiellement et la moitié provenait de l'importation», note Kaspar Jörger, responsable de la division Protection des animaux à l'OSAV. Hic: ces annonces proposent souvent des chiots d'origine inconnue ou des chiens jadis errants, nés dans d'autres pays.
Du coup, toutes les annonces sur le web sont-elles malhonnêtes? Pas forcément, selon Fabien Loup, responsable du domaine protection des animaux domestiques et sauvages à l'OSAV, et ancien vétérinaire cantonal du canton de Fribourg, qui porte Yoda, une petite chienne importée illégalement et sauvée de justesse par les vétérinaires.
«Fabriques de chiots» en Europe de l'Est
Le commerce de canidés en Suisse, comme en Europe, s'opère généralement de manière illégale: les chiens sont issus d'élevages ou de refuges qui ne sont pas en règle. En 2014, en moyenne 440 canidés ont passé chaque semaine la frontière suisse, selon la statistique ANIS, banque de données des animaux de compagnie. Un tiers au moins provenait de «fabriques de chiots», des élevages de masse, dont les conditions sont mauvaises. Ces élevages se situent essentiellement dans les pays de l'Est, notamment la Hongrie.
En outre, bien souvent, les chiots sont acheminés vers leurs futurs propriétaires dans des conditions épouvantables. Un camion a ainsi été récemment intercepté, a expliqué Julika Fitzi, du service spécialisé chiens de la PSA. Il reliait la Slovaquie à l'Espagne, soit un trajet de 2800 km en 28 heures. Les chiens, entassés dans des cages, ne disposaient ni d'eau ni de nourriture. Certains sont morts en route. Les autres étaient traumatisés.
Conséquence: les chiens, qui arrivent bien souvent trop jeunes en Suisse, sont la plupart du temps malades, pas vaccinés, mal sociabilisés, et ont enduré des souffrances qui peuvent laisser des traces sur leur comportement. Il y a des risques de rage, de maladies contagieuses et de problèmes de santé qui peuvent ensuite coûter très cher à leur propriétaire, a relevé le Dr David Spreng, directeur du département médecine vétérinaire clinique de la Faculté Vetsuisse de Berne. Autre problème: ils sont livrés sans documents officiels, voire falsifiés, sur un parking.
Passeport, puce et déclaration aux douanes
Avec l'opération «Ouvrez l'oeil avant d'acheter un chien!», la PSA et l'OSAV soulignent qu'il est impératif de respecter les conditions d'importation de chiens en Suisse. Les défenseurs des animaux et la Confédération recommandent de faire faire un passeport pour l'animal, de l'identifier à l'aide d'une puce électronique, de le vacciner contre la rage et de le déclarer à la douane à son arrivée en Suisse.
Cette nouvelle campagne d'information a été préparée sur recommandations d'un groupe de travail composé de représentants des cantons, de la direction générale des douanes, de la PSA et de l'OSAV. Outre une brochure, un site internet a été créé. Il contient de nombreuses informations destinées aux acheteurs intéressés.
A quoi faut-il faire attention ?
1. Les offres sont nombreuses sur internet, mais celles qui proposent un chien du jour au lendemain sont très douteuse. Prenez votre temps et choisissez en toute connaissance de cause. Car votre décision aura des conséquences pour vous et votre chien durant toute sa vie.
2. Le commerce illégal de chiens est reconnu à l'échelle européenne. Mais les dispositions en Suisse ne permettent pas encore de résoudre le problème. Les amendes notamment sont ridiculement petites, donc peu dissuasives. Ce sont les acheteurs qui tiennent le rôle principal dans la lutte contre ce commerce.
3. Reconnaître les bonnes annonces. Celles-ci comporteront la race, l'origine, l'âge, le sexe et le prix de l'animal. Elles indiqueront aussi l'état de ses vaccinations, s'il a été vermifugé ou s'il porte une puce électronique. Elles offriront aussi la possibilité de voir l'animal. En outre, le vendeur indiquera ses coordonnées complètes, voire un site internet et souhaitera souvent rencontrer le futur propriétaire pour savoir à qui ils ont à faire.
4. Faire appel à un refuge reconnu. Ceux qui sont bien organisés accordent un grand soin au choix de l'animal et du propriétaire. Souvent, ils accepteront de reprendre le chien s'il y a un problème.
5. Si vous achetez un chien, que ce soit en Suisse comme à l'étranger, il faut autant que possible visiter son lieu de provenance ou de naissance. Il ne faut jamais accueillir un animal sur une aire de repos d'autoroute, mais aller le chercher chez l'éleveur.