Succession de Viola Amherd«Le plus piquant serait que ce ne soit pas le favori qui gagne»
Les candidats du Centre au Conseil fédéral n'enthousiasment pas. Pourrait-il y avoir une surprise le 12 mars? Réponse du politologue Pascal Sciarini.

Markus Ritter et Martin Pfister sont en lice pour le Conseil fédéral.
20min/Christof VuilleLe Centre a choisi le Saint-Gallois Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans, et le Zougois Martin Pfister, conseiller d'État en charge de la santé, pour succéder à Viola Amherd au Conseil fédéral. Deux candidats qui ont commencé mardi à être auditionnés par les groupes parlementaires à Berne. Un ticket qui ne suscite guère l'enthousiasme à gauche, qui critique deux personnalités trop à droite. Même Christoph Blocher a estimé qu'il n'était pas nécessaire de s'en tenir au ticket officiel. Du coup, pourrait-il y avoir une surprise le 12 mars?
Le politologue et professeur de science politique à l’Uni de Genève Pascal Sciarini n'y croit guère. «Il faudrait vraiment que les deux candidats soient rédhibitoires pour une majorité de l'assemblée. On pourrait le concevoir si c'était le PS qui présentait par exemple deux personnalités trop à gauche pour la majorité bourgeoise du parlement», estime-t-il. Et de rappeler que l'assemblée avait préféré élire en 1983 l'outsider Otto Stich plutôt que la candidate officielle du PS Lilian Uchtenhagen. «Mais ça n'arrive jamais avec un parti de droite. D'autant que le Centre n'a qu'un seul siège», ajoute-t-il.
Risque d'exclusion
En outre, pour qu'il y ait une surprise, il faudrait que les parlementaires trouvent un autre candidat. «Et si le Centre n'a pas trouvé, j'imagine mal comment les autres partis pourraient le faire», note le Genevois. D'autant qu'il risquerait de se faire sanctionner par son parti s'il acceptait son élection. «Ça s'est déjà vu avec Eveline Widmer-Schlumpf et Samuel Schmid, qui avaient été exclus de l'UDC».
«Le plus piquant serait que ce ne soit pas le favori Markus Ritter qui l'emporte, mais Martin Pfister», souligne Pascal Sciarini. Pas impossible. «Il a notamment pour lui le fait qu'il est colonel à l'armée», rappelle-t-il. D'autant que l'élu devra reprendre le Département de la défense. «Les parlementaires seront peut-être soucieux d'élire quelqu'un qui connaît bien la maison et qui soit rapidement opérationnel, en particulier avec les gros problèmes que connaît l'armée en ce moment». Mais le politologue pronostique quand même l'élection de Markus Ritter. «C'est le scénario le plus plausible.»
Et si les parlementaires choisissaient un candidat qui a dit non?
L'assemblée pourrait-elle choisir le 12 mars Martin Candinas ou Gerhard Pfister, qui ont tous deux refusé d'être candidat? Pascal Sciarini n'y croit pas. «Ils devraient logiquement refuser leur élection et il faudrait repartir de zéro.» Rappelons que cela s'est déjà produit en 1993, lors de la succession de René Felber (PS/NE). Le PS avait alors choisi Christiane Brunner comme candidate officielle. Mais la Genevoise ne plaisait pas à la droite bourgeoise qui avait élu à sa place Francis Matthey. Devant le manque de soutien du PS et les pressions féministes, le Neuchâtelois avait refusé son élection. Une semaine plus tard, Ruth Dreifuss avait été élue.