Apprentis privés de français: «un nivellement par le bas»

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SuisseApprentis privés de français: «un nivellement par le bas»

Un collectif d'enseignants a lancé, jeudi, une pétition pour réintroduire la langue de Molière dans le cursus des apprentis employés de commerce et vendeurs.

Le français n'est plus enseigné dans certains cursus d'apprentissage.

Le français n'est plus enseigné dans certains cursus d'apprentissage.

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«On appréhendait les conséquences. Ça se confirme désormais sur le terrain.» Pour Pierre*, enseignant vaudois, les apprentis employés de commerce et vendeurs courent à leur perte depuis 2023 et l'entrée en vigueur d'une réforme de l'enseignement de ces métiers. Le problème: plus aucun cours de français n'est dispensé à ces étudiants. À la place, ils ont des heures dédiées à l'enseignement de «compétences opérationnelles», axées sur la pratique professionnelle. Ce, en théorie, pour mieux répondre aux besoins du marché du travail.

«C’est un nivellement par le bas, confie Pierre. On n'apprend plus aux apprentis à bien savoir lire, ou à avoir une distance sur l'information.» Un manque qui pourrait nuire à l'avenir des concernés. Avec d'autres enseignants de toute la Suisse, Pierre a donc lancé, jeudi, une pétition pour réintégrer le français – respectivement l'allemand outre-Sarine et l'italien au Tessin – comme branche d'enseignement pour les quelque 16'000 personnes qui commencent un apprentissage dans ces métiers chaque année. «Le monde a changé, on ne peut plus enseigner comme avant. Mais les élèves doivent continuer à lire, écrire, et réfléchir par eux-mêmes.»

Patrons pas mécontents

Si la réforme frustre les enseignants, les patrons, eux, ne semblent pas forcément mécontents. Le commerce n’est pas la première profession à avoir changé de méthode. Et «jusqu'à présent, aucune branche n'a signalé que le niveau de langue avait baissé en raison de l'introduction de l'approche par compétences», explique Nicole Meier, responsable de la formation professionnelle à l'Union patronale suisse. Et de relever que «le thème des connaissances linguistiques apparaît plutôt déjà lors du recrutement».

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