SuisseDe nouvelles centrales nucléaires? Le Centre pourrait dire oui
À eux seuls, le PLR et l’UDC ne peuvent obtenir la majorité du Parlement pour construire une nouvelle centrale. Mais des voix du Centre pourraient tout changer...

La centrale nucléaire de Leibstadt (AG) est la plus grande de Suisse.
AFPJusqu’ici, construire de nouvelles centrales nucléaires en Suisse semblait irréaliste. Seuls l’UDC et le PLR y sont favorables de longue date, mais manquaient d’alliés pour obtenir la majorité au Parlement. Et Le Centre, hostile au nucléaire notamment depuis son engagement en 2017 pour l’interdiction de nouveaux réacteurs, constituait un verrou décisif. Or, il semble prêt à sauter le pas, note la «NZZ am Sonntag».
Le conseiller aux États Benedikt Würth (Le Centre/SG), figure influente du parti, a ainsi créé la surprise sur le plateau de l’émission «Arena» en affirmant: «Nous devrons à nouveau parler d’énergie nucléaire». Selon lui, le remplacement des réacteurs sur les sites existants (notamment celui de Gösgen) est à envisager si les énergies renouvelables ne progressaient pas assez vite.
Vers une majorité au Parlement?
Autre poids lourd du Centre, le conseiller aux États Peter Hegglin (ZG) estime qu’il «faudra construire un nouveau réacteur sur le site d'une centrale existante avant même la fermeture de l’ancien». Il appelle à une révision de la législation en ce sens. Selon lui, «l'électricité ne suffira pas si nous arrêtons simplement les anciennes centrales nucléaires». Il avait d’ailleurs déjà laissé entendre qu'il faudrait peut-être réfléchir à de nouvelles centrales nucléaires.
Sans nier l’intérêt des énergies solaire et éolienne, il considère que l'électricité est si essentielle que «nous devons nous assurer pour le cas où il n'y aurait presque pas de soleil et de vent pendant une longue période». Deux autres élus du Centre, qui souhaitent rester anonymes, se sont aussi exprimés pour l’option nucléaire. Si cette nouvelle position venait à s’ancrer au sein du Centre, le camp pronucléaire pourrait retrouver une majorité au Parlement.
Zurich favorable à lever l’interdiction
Le contexte énergétique, les incertitudes liées aux énergies renouvelables et l’initiative populaire «Blackout» ont relancé un débat qu’on pensait clos, note la «NZZ am Sonntag». D’ailleurs, hier, on apprenait que même le gouvernement du canton de Zurich, composé en partie de Verts, était favorable au contre-projet d’Albert Rösti à l'initiative «Blackout» et donc à lever l'interdiction de nouvelles centrales. Un soutien inattendu qui marque une évolution notable dans le paysage politique, selon le journal alémanique.
Vert’libéraux et Verts toujours opposés
Chez les Vert’libéraux, le président Jürg Grossen (BE) reste fermement opposé à l’atome. Mais le parti compte au moins une exception de premier plan: Alexander Keberle (ZH), membre de la direction d’EconomieSuisse. Il milite pour lever l’interdiction du nucléaire dans laquelle il voit un levier pour l’innovation et la sécurité énergétique. Selon lui, cela constituerait un signal pour le secteur de l'électricité, pour la politique, pour la recherche et le développement et aussi pour les investisseurs. Les Verts, quant à eux, restent largement antinucléaire.