SuisseDes lapins de Pâques à l'arrière-goût amer selon le WWF
Les producteurs et distributeurs de chocolat s'améliorent, mais peuvent faire beaucoup mieux en matière d'écologie et de conditions de travail, constate le WWF.

Derrière les friandises de Pâques se cachent des conditions de production critiquées par le WWF (image d'illustration).
Getty Images/Westend61Le WWF profite de la période pascale, indissociable des lapins et autres friandises en chocolat, pour dénoncer le côté obscur de la production de cacao. L'organisation publie ce mardi pour la sixième fois une évaluation de 60 entreprises, dont plusieurs basées en Suisse, réalisée par «Chocolate Scorecard». L'impact sur l'environnement et les conditions de travail dans les plantations de cacao sont examinés. Et c'est un bilan mitigé qui ressort de ce rapport.
D'un côté, des améliorations sont constatées, de l'autre, la déforestation, l'utilisation de pesticides et des bas salaires sont encore monnaie courante dans les plantations, principalement situées en Afrique. Selon les chiffres du WWF, 44% du cacao n’est toujours pas certifié comme étant issu de filières garanties zéro déforestation. Autre exemple: 84% des agriculteurs dans la chaîne d’approvisionnement n’ont pas de revenu minimum vital ou un revenu qui n’est pas connu des fabricants.
Résultats «peu brillants»
Parmi les commerçants de détail, Coop tire son épingle du jeu et se classe au sommet de l’évaluation. «Les résultats des 14 autres détaillants examinés sont peu brillants», note l'ONG. Migros est deuxième. Après un bon résultat l’an dernier, Lidl n’a pas participé à l’enquête. «Le bon résultat de Coop nous réjouit, car il démontre les efforts entrepris pour parvenir à des améliorations dans la production de cacao», estime Tanja Diethelm, responsable des relations avec les entreprises de WWF Suisse.
Interrogée sur les conclusions de ce classement, la Fédération des fabricants suisses de chocolat, Chocosuisse, dit ne pas avoir encore pris connaissance de l'étude, mais assure soutenir «les objectifs évoqués» et être «favorable à plus de transparence dans la chaîne de valeur du cacao». L'organisation rappelle avoir cofondé la Plateforme suisse pour un cacao durable qui vise à atteindre des objectifs «concrets et mesurables, par exemple l’importation de 100% de cacao durable en Suisse d'ici à 2030».
La Suisse priée de s'aligner sur l'UE
Le WWF rappelle que certaines lois peuvent contribuer à améliorer les conditions de production du cacao, citant une réglementation sur la déforestation entrée en vigueur en janvier dans l'Union européenne: aucun produit à base de bois, de café, de cacao, de soja, d’huile de palme, de bovins ou de caoutchouc ne peut être importé si la production a eu lieu sur des surfaces déforestées après 2020. Le Conseil fédéral avait refusé de changer la loi, il y a un an. Une initiative parlementaire déposée fin 2024 tente de faire pression sur le gouvernement suisse pour qu'il s'aligne rapidement sur les exigences de l'UE.