SuisseDes socialistes veulent renoncer à une Suisse sans armée
Le Parti socialiste (PS) réclame l’abolition de l’armée depuis 2010. Or, des voix internes demandent de rayer ce point du programme, au vu du contexte géopolitique.

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Unsplash / Simon InfangerLe Parti socialiste suisse (PS) milite officiellement pour l'abolition de l'armée depuis 2010. Or, toujours plus de voix s'élèvent pour remettre en question cette position, rapporte la «SonntagsZeitung». «Nous avons besoin d'une armée forte», a notamment déclaré il y a peu la conseillère aux Etats Flavia Wasserfallen (PS/BE) dans l’émission télévisée alémanique «SonnTalk».
Une question de crédibilité
La guerre russe contre l’Ukraine et l'élection de Donald Trump, puis l’esclandre récent entre ce dernier et le président ukrainien Volodymyr Zelensky ont en effet modifié le contexte géopolitique. Et cela a incité certains socialistes à réclamer une révision du programme du parti, dont les conseillères nationales Franziska Roth (SO) et Priska Seiler Graf (ZH). Car il leur est aujourd’hui beaucoup plus difficile de justifier l’abolition de l’armée face à l'opinion publique. «Une telle position affaiblit la crédibilité des socialistes sur les questions de sécurité», note ainsi Priska Seiler Graf, qui préside aussi la Commission de sécurité du Conseil national.
Elle part d’ailleurs du principe qu'au vu de la situation mondiale, la majorité du PS serait aujourd’hui favorable à l’armée et n’aurait pas besoin de revoir le programme du parti, qui ne constitue qu’une ligne directrice.
En effet, d’autres figures du parti, dont le conseiller national Daniel Jositsch (ZH), estiment que la question de l'abolition de l’armée n'est plus d'actualité. «Je n'ai jamais été pour. Mais maintenant, plus personne ne peut sérieusement exiger la suppression de l'armée», dit-il dans la «SonntagsZeitung».
Idéal à long terme
Toutefois, des courants internes, à l'image du conseiller national Fabian Molina (ZH) ou du coprésident du PS Cédric Wermuth (AG), restent attachés à cet objectif. Pour eux, la suppression de l'armée reste un idéal à long terme. Ils reconnaissent toutefois la nécessité d'une défense nationale tant que la situation mondiale l'exige.
La Suisse doit renforcer sa défense aérienne
Dans une interview au «SonntagsBlick», l’ancien général américain Ben Hodges avertit que la Suisse doit renforcer sa défense aérienne face aux menaces émergentes. Dans le contexte géopolitique actuel, avec un possible retrait des troupes américaines d’Europe, le risque que Moscou s’attaque à d’autres Etats européens augmente, selon l’ancien militaire. Et si tel devait être le cas, Ben Hodges ignore si les Etats-Unis viendront à la rescousse des pays attaqués: «Mais le simple fait que cette question soit souvent posée actuellement est un mauvais signe», souligne-t-il.
Il exhorte ainsi la Suisse à investir massivement dans l’armement anti-aérien, à se préparer aux drones et aux guerres hybrides, rappelant que la neutralité ne protège pas des conflits modernes ni des pressions géopolitiques croissantes.