Une armée suisse sans chef? Le débat est relancé

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SuisseDes voix s'élèvent pour une armée sans chef unique

La démission du chef de l'armée relance le débat sur l'utilité même de sa fonction. À droite, certains plaident pour un retour à une direction collégiale.

La fonction de Thomas Süssli à la tête de l'armée est remise en cause.

La fonction de Thomas Süssli à la tête de l'armée est remise en cause.

20min/Marco Zangger

«Nous n'avons pas besoin d'un général de paix.» La formule est signée Stefan Holenstein, président de l'Association des sociétés militaires suisses (ASM). Et c'est avec celle-ci que l'homme a relancé, dans le «SonntagsZeitung», le débat sur le poste de chef de l'armée. Une fonction inutile à ses yeux, tant que le pays n'est pas en guerre. Une alternative semble particulièrement lui plaire: un retour au modèle en vigueur avant 2004, où l'armée était dirigée de manière collégiale par une commission aux responsabilités réparties entre plusieurs hauts gradés.

Une «nécessité urgente»

Avec la démission du chef de l'armée Thomas Süssli et le changement de ministre de la Défense, le timing est idéal pour un tel changement, estime Stefan Holenstein. Un point de vue qui a trouvé écho dans les rangs de l'UDC. «C'est le bon moment pour parler de la fonction et éventuellement de la suppression du chef de l'armée», considère le conseiller national schaffhousois Thomas Hurter, outré du rôle «de plus en plus politique» qu'a pris le chef de l'armée au cours des dernières années.

Le conseiller d'Etat Werner Salzmann (UDC/BE) s'est, lui aussi, montré favorable à la «nécessité urgente» d'une structure de direction sans chef de l'armée, pour moderniser les forces aériennes et l'armée de terre, aujourd’hui regroupées sous un même commandement.

Pas pour tout de suite

Quoi qu'il en soit, un tel changement structurel ne pourrait pas avoir lieu sans l'aval du Parlement. Et pas sûr que la gauche partage les intentions de l'UDC. Interrogée par le journal alémanique, la sénatrice Franziska Roth (PS/SO) a d'ailleurs déjà annoncé la couleur: «Nous avons besoin d'un chef de l'armée dont la position doit plutôt être renforcée dans la situation géopolitique actuelle». Le débat est donc lancé, mais la décision, elle, ne tombera pas de sitôt.

Pfister ouvert au débat

Le nouveau conseiller fédéral chargé de la Défense, Martin Pfister, ne s'est pas encore prononcé sur l'éventuelle suppression du poste de chef de l'armée. Mais il avait déclaré avant son élection que «les départs de personnel sont toujours l'occasion de repenser la structure organisationnelle». De quoi susciter de l'espoir chez les partisans de cette solution. Ceux-ci pourront d'ailleurs la lui présenter dès la semaine prochaine, puisque le Zougois a invité une délégation UDC pour une discussion.

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