L’armée suisse veut plus de femmes, mais les abus persistent

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SuisseL’armée veut plus de femmes, mais les discriminations persistent

Des soldats témoignent de harcèlement sexuel et de propos racistes dans l’armée. L’UDC attaque le DDPS, accusé de se concentrer sur la diversité plutôt que l’équipement.

L’armée veut plus de femmes, mais sexisme et racisme freinent leur intégration.

L’armée veut plus de femmes, mais sexisme et racisme freinent leur intégration.

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L’armée suisse ambitionne d’augmenter la proportion de femmes à 10% d'ici à 2030. Pour y parvenir, la journée d’orientation a été rendue obligatoire pour les Suissesses. Mais derrière cette volonté d’inclusion, des tensions émergent: certaines femmes militaires dénoncent des discriminations, tandis que l’UDC critique l’approche du Département fédéral de la défense (DDPS), accusé de se focaliser sur les «questions de genre» au détriment de l’équipement des troupes.

Les témoignages de soldats victimes de racisme et de sexisme illustrent un problème plus profond. Une femme engagée dans l’armée rapporte avoir été tirée de son lit en sous-vêtements par des camarades masculins, sous les encouragements d’un supérieur. D’autres évoquent des commentaires racistes et des avances déplacées de la part de gradés. «Je m'attendais à cela lorsque je me suis inscrite à l'armée», confie la jeune femme.

Face à ces accusations, l’armée rappelle l’existence du centre de signalement et de conseil FdAD, dédié aux femmes et à la diversité. Son budget annuel d’un million de francs ne représente qu’une infime partie des 6,4 milliards de l’armée. Pourtant, son avenir est incertain. L’UDC critique son existence et pourrait remettre en cause son financement si Markus Ritter, candidat au Conseil fédéral, venait à succéder à Viola Amherd.

Pour l’experte en discrimination Tabea Hässler, ces incidents ne sont pas propres à l’armée, mais reflètent les préjugés encore enracinés dans la société. L’institution militaire, à travers sa diversité, pourrait toutefois devenir un vecteur de changement. Reste à savoir si la volonté politique suivra.

Un examen pour limiter l'accès au service civil

Face à la baisse des effectifs militaires, une commission du Conseil national veut réintroduire l’examen de conscience pour accéder au service civil. Supprimée en 2009, cette épreuve obligeait les objecteurs de conscience à justifier leur refus de l’armée. Aujourd’hui, la droite estime que trop d’hommes échappent aux casernes et parle d’un «phénomène de masse». Le Conseil fédéral, lui, explore une autre piste: fusionner le service civil et la Protection civile sous une «Protection contre les catastrophes», où l’armée garderait la priorité.

(fcc)

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