SuisseLa fast fashion met à mal les centres de collecte de textiles
La qualité des vêtements des Suisses diminue. Entre prix de rachat en baisse et habits directement incinérés, le recyclage est en difficulté.

Texaid est l'un des leaders européens du recyclage textile.
texaid.chLa fast fashion, cette mouvance où les marques produisent des vêtements très vite, très souvent, et pour pas cher, a le vent en poupe. En Suisse, on estime que le chiffre d'affaires du détaillant chinois Shein, spécialiste des vêtements low cost, atteint déjà 220 millions de francs annuels. Et la tendance est à la hausse. Mais les nouvelles habitudes de consommation des Suisses ne sont pas sans conséquences pour l’environnement et, en particulier, sur les centres de collecte d’habits usagés. «La qualité s'est nettement détériorée au cours des 18 derniers mois», avertit Sascha Sardella, responsable d'exploitation du centre de collecte Tell-Tex.
Ainsi, d’une part, jusqu’à 65’000 tonnes de vêtements sont éliminées en Suisse annuellement. «Malheureusement, la plupart des textiles fast fashion ou ultra fast fashion sont inutilisables, même pour des chiffons», explique Sascha Sardella. Le hic, c’est que les tissus mélangés - comme le coton avec de l'élasthanne ou du polyester - ne sont guère recyclables. De plus, les centres ignorent souvent quelles substances chimiques contiennent les produits. Et, dans le doute, ils finissent incinérés, explique «Blick».
En Allemagne, une usine a fermé
D’autre part, la qualité ayant diminué, les acheteurs, basés à l’étranger, paient aussi de moins en moins. «Nous nous finançons par la vente de ces textiles. Si les prix continuent de s'effondrer, nous ne pourrons plus faire face», explique Sascha Sardella. Même constat du côté de Texaid: «Avec la tendance de la fast fashion, nous observons une baisse constante de la qualité des textiles.» Et Caritas de déplorer: «À cause de ça, nous pouvons moins donner aux personnes dans le besoin et devons éliminer davantage».
Le problème ne concerne pas que la Suisse. En Allemagne, l'usine de tri Soex, qui comptait 230 employés, a déposé le bilan fin 2024. «Et d'autres seront certainement touchés prochainement», prédit Sascha Sardella. L’UE prévoit toutefois d’introduire, d’ici 2030, des mécanismes pour que le recyclage ou l’élimination des produits soient davantage à la charge du fabricant. En France, les députés s’écharpent actuellement sur une loi contre la fast fashion. Et en Suisse? Plusieurs acteurs du textile ont fondé l’association Fabric Loop, en novembre dernier, avec pour objectif l'introduction d’une taxe anticipée pour le recyclage.