Système de santé«Certains médecins ont perdu toute décence»
Une académie d'experts de la santé a publié 13 revendications draconiennes pour stopper l'explosion des coûts. Salaires des cadres plafonnés, études à rembourser, suppressions des frais forfaitaires, tout y passe.

Certains praticiens touchent des salaires allant d'un demi-million à plus d'un million de francs. Ces salaires seraient plafonnés.
20min/Marvin AncianLes primes augmentent chaque année; les hôpitaux accumulent les dettes; il y a pénurie de généralistes et de médicaments; et certains spécialistes touchent de très gros salaires. Bref: le système de santé est mal en point. Du coup, l’Académie de médecine humaine, composée de médecins chefs, de directeurs d'hôpitaux et de responsables de services de soins, ont examiné son cas. Et ils ont élaboré un manifeste avec 13 revendications pour le remettre sur pied. Certaines sont explosives, comme le souligne le «Tages-Anzeiger».
La première est simple: si un médecin formé abandonne sa carrière et ne travaille pas avec des patients, il devra rembourser ses études. «Il est inacceptable que la société forme des médecins à grands frais et que ceux-ci tournent ensuite le dos aux patients», explique la présidente Annina Hess-Cabalzar. Il faut dire que Berne et les cantons dépensent chaque année 1,78 milliard de francs pour former 1200 médecins. Et qu'un tiers abandonne ensuite la profession. C'est ce qui engendre la pénurie, fait-elle remarquer.
Plafonner les salaires
Autre mesure: en finir avec les salaires mirobolants. L'Académie veut en effet plafonner les salaires des médecins cadres au niveau de ceux des conseillers fédéraux, soit un peu plus de 470'000 francs par an. Et les bonus seraient basés sur le nombre de patients traités. «Certains médecins ont perdu toute décence», selon la présidente. Des salaires allant d'un demi-million à plus d'un million de francs sont en effet monnaie courante dans les hôpitaux publics. «Cela n'a plus rien à voir avec la performance, mais avec la cupidité».
L'Académie veut en outre des écarts salariaux nettement plus faibles entre les disciplines médicales. Elle propose aussi de supprimer le système des frais forfaitaires par dossier. «Ce système récompense les activités, ce qui entraîne une surabondance de l'offre», explique Annina Hess-Cabalzar.
La présidente est consciente qu’il faudra un long chemin avant que ces revendications aboutissent. En outre, les personnes impliquées s’efforceront de garantir leurs privilèges. «Mais nous avons du pouvoir», affirme-t-elle. Des initiatives ont déjà été prises dans des premiers cantons, selon le Tagi.
Un code de conduite pour le secteur de la santé
Last but not least, les experts demandent un code de conduite pour les personnes du secteur de la santé. Un code qui doit permettre de sanctionner à l'avenir les «actes indécents», comme les arnaques aux patients. Car «si l'on instaure un marché concurrentiel, il ne faut pas s'étonner que chacun en tire le meilleur parti», conclut la présidente. Autre exigence: permettre aux médecins de consacrer plus de temps pour soigner les patients et moins à faire du travail administratif.