Taïwan : les tribunaux militaires rétablis pour lutter contre l'espionnage chinois

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TaïwanLes tribunaux militaires rétablis pour les espions chinois?

Face à des affaires d'espionnage au profit de Pékin de plus en plus nombreuses, Taipei envisage de juger les suspects devant des tribunaux militaires.

Le président taïwanais Lai Ching-te.

Le président taïwanais Lai Ching-te.

AFP

Taïwan envisage de rétablir des tribunaux militaires pour juger les affaires d’espionnage chinois impliquant des membres des forces armées taïwanaises, a déclaré le président taïwanais Lai Ching-te. S’adressant aux journalistes à l’issue d’une réunion sur la sécurité nationale, M. Lai a annoncé une révision complète et une modification de la loi sur les procès militaires, «afin de rétablir le système des procès militaires».

«Les juges militaires retourneront en première ligne», a annoncé le président. Taïwan a démantelé son système judiciaire militaire après le scandale provoqué par la mort d’un appelé victime de brimades en 2013. Le président Lai a également indiqué que les magistrats militaires travailleront «aux côtés des agences judiciaires et des procureurs pour traiter les affaires pénales impliquant des militaires en service actif accusés de trahison, d’aide à l’ennemi, de fuite d’informations classifiées, de manquement au devoir, d’insubordination et d’autres délits militaires».

Militaires retraités ou en service ciblés par Pékin

Le nombre de personnes jugées pour espionnage au profit de Pékin augmente, selon les données officielles. Selon l’agence de renseignement taïwanaise, 64 personnes ont été jugées pour espionnage chinois en 2024, contre 48 en 2023 et seulement 10 en 2022. Les militaires retraités et en service actif sont la cible de tentatives d’infiltrations par Pékin, selon le bureau national de sécurité de Taïwan

Taïwan et le Continent sont gouvernés séparément depuis la prise du pouvoir par les communistes à Pékin, en 1949, et la fuite du gouvernement nationaliste à Taïwan. Le nom official de l’île reste «République de Chine», par opposition à la «République populaire de Chine» au pouvoir à Pékin. Le régime communiste considère l’île comme une de ses provinces destinées à revenir dans son giron, au besoin par la force.

Espionnage, cyber-attaque et désinformation

Pékin accuse la présidence taïwanaise de rechercher une indépendance formelle de l’île – un casus belli pour les dirigeants communistes. Taipei reproche à Pékin d’utiliser des tactiques de «zone grise», qui incluent l’espionnage, les cyber-attaques et la désinformation pour affaiblir sa défense.

Bien que les deux côtés du détroit de Taiwan s’espionnent mutuellement depuis des décennies, des analystes estiment que l’espionnage est un problème plus important pour Taïwan, en raison de la menace existentielle qui pèse sur l’île. Ces dernières années, Pékin a accru sa pression militaire et déployé quasi quotidiennement des avions de combat ainsi que des navires de guerre autour de l’île, tout en tentant d’isoler Taipei, sur la scène internationale.

(afp/jw)

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