Témoin d'une autre époque

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Hôtel BelvédèreTémoin d'une autre époque

Érigé grâce à une route, célèbre grâce à un glacier et légendaire grâce à une course-poursuite, l'hôtel Belvédère a finalement connu son propre déclin.

Daniela Gschweng
par
Daniela Gschweng
L'hôtel Belvédère, à côté du glacier du Rhône, n'est pas seulement apprécié par les photographes.
Au début du XXème siècle, c'était l'un des hôtels les plus en vogue de la Belle Époque, dans lequel la haute société venait passer ses étés.
Le Pape aurait séjourné à plusieurs reprises au Belvédère, tout comme Sean Connery, apparemment un habitué des lieux.
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L'hôtel Belvédère, à côté du glacier du Rhône, n'est pas seulement apprécié par les photographes.

Wikipedia / Ikiwaner

La route de la Furka vaut le détour à elle seule. Sinueuse et abrupte, elle serpente en virages en épingle à cheveux jusqu'au sommet de la montagne de Goms. Comme enclavé dans l'une des boucles, on tombe subitement sur un bâtiment dont il existe des dizaines de cartes postales et de photos sur Instagram.

Le Belvédère, à côté du glacier du Rhône, n'est pas seulement apprécié par les photographes. Au début du XXème siècle, c'était l'un des hôtels les plus en vogue de la Belle Époque, dans lequel la haute société venait passer ses étés. Le Pape aurait séjourné à plusieurs reprises au Belvédère, tout comme Sean Connery, apparemment un habitué des lieux.

Dans «Goldfinger», l'acteur, au volant d'une Aston Martin, se livre à une course-poursuite avec Tilly Masterson, à bord d'une Ford Mustang. Sean Connery aurait d'ailleurs insisté en personne pour que le col de la Furka fasse office de décor à la scène. Le Belvédère est ainsi devenu culte.

Une voiture s'est retrouvée sur le toit près de Saxon ce vendredi après-midi. Une portion de l'A9 est fermée.

Scène du col de la Furka tirée du James Bond «Goldfinger»(Video: Youtube/Virtualee2000

De ses débuts chaotiques à ses heures de gloire

L'hôtel Belvédère a ouvert ses portes en 1882, peu après l'achèvement de la route de la Furka en 1866. Au départ, il s'agissait d'un simple gîte géré par un hôtelier de Gletsch, un hameau voisin. Après des débuts difficiles, l'hôtel a été agrandi à plusieurs reprises. Après sa première transformation, au début des années 1890, les chambres du bâtiment à deux étages, alors sans électricité ni eau courante, étaient encore relativement spartiates.

En 1903, le Belvédère a subi de nouvelles transformations, le plongeant dans la Belle Époque et lui faisant vivre ses heures de gloire. On entrait alors dans l'ère des palaces suisses. Au tournant du millénaire, l'hôtel, qui était entre-temps devenu une luxueuse auberge de montagne désormais capable d'accueillir jusqu'à 90 personnes, a vu les touristes fortunés affluer par milliers pour visiter le Valais. On y voyait descendre aussi bien des aventuriers que des amateurs de calme. Depuis la terrasse de l'hôtel, les clients pouvaient admirer le glacier, à quelques centaines de mètres de la route.

Des allures d'hôtel de luxe helvétique

L'arrêt du premier car postal devant l'hôtel, en 1921, a marqué la fin de la Belle Époque, les promeneurs laissant place aux randonneurs. Dès 1935, le Belvédère est devenu le point de départ des premières expéditions en montagne, la grande mode étant à l'alpinisme.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le lieu a connu un nouvel essor en tant que destination d'excursions. Avec la démocratisation de l'automobile dans les années 1950, on y venait pour admirer le glacier du Rhône et apprécier la route du col.

Un déclin provoqué par l'ère de l'automobile

L'automobile annonçait le déclin de l'hôtel, la traversée des cols alpins se faisant aisément en une journée. En 1964, quand «Goldfinger» est sorti au cinéma, la fréquentation de l'hôtel était déjà en baisse. Si, au départ, les touristes s'y arrêtaient encore pour déjeuner, par la suite, ils n'y faisaient plus qu'une courte halte.

Entre-temps, le glacier du Rhône avait reculé de plus d'un kilomètre par rapport au Belvédère dont la vue depuis la terrasse était devenue beaucoup moins spectaculaire. Dans les années 1980, le Belvédère a connu une première fermeture avant de passer, dix ans plus tard, aux mains d'un nouveau propriétaire qui y a mis les moyens pour restaurer le bâtiment dans son état d'origine. L'hôtel est fermé depuis 2015.

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