«Dites à mes enfants que je les aime»

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Attentat terroriste à Nice«Dites à mes enfants que je les aime»

Une attaque à l’arme blanche a fait au moins trois morts et plusieurs blessés, jeudi matin dans une église. Le parquet antiterroriste a été saisi. Une victime a eu le temps de parler aux personnes l’entourant avant de succomber.

par
joc/afp

Le témoignage poignant d’un journaliste sur place.

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Au moins trois personnes ont été tuées, dont une aurait été égorgée, et plusieurs ont été blessées lors d’une attaque au couteau à Nice, jeudi matin. Deux personnes, un homme et une femme, ont été tuées dans l’église Notre-Dame et une troisième, sérieusement blessée, est décédée dans un bar proche où elle s’était réfugiée. Au bord des larmes, un correspondant de BFM TV dépêché sur place a raconté que cette femme avait eu la force de dire quelques mots aux personnes l’entourant: «Dites à mes enfants que je les aime», leur a-t-elle demandé, avant de s’éteindre.

L’auteur a été interpellé et blessé par balles et répétait en boucle «Allahou Akbar», selon Christian Estrosi, le maire de Nice. Les faits se sont déroulés vers 9h, a-t-on ajouté de source policière, en précisant qu’une équipe de déminage était sur place. Le parquet antiterroriste a été saisi, annonce BFM TV. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sur Twitter la tenue d’une «réunion de crise» à Paris.

«Une femme a été agressée avec le même mode opératoire que Samuel Paty», a indiqué le maire de Nice, en référence au professeur d’histoire-géographie décapité le 16 octobre en région parisienne par un islamiste russe tchétchène qui a été abattu par la police. Le maire de Nice a aussi mentionné «le sacristain» de l’église parmi les personnes décédées. Après cet «assassinat dans une école, c’est dans une église que la barbarie islamo-fasciste a choisi de frapper, c’est tout un symbole», a ajouté Estrosi.

«La situation est sous contrôle il ne faut pas paniquer», a indiqué la police sur place. «Les détonations que vous entendez sont provoqués par le Raid, des services de déminage», a ajouté une porte-parole Florence Gavello, porte-parole de la police. Le parquet antiterroriste a annoncé l’ouverture d’une enquête pour «assassinat» et «tentative d’assassinat»

Des hommes du Raid devant l’église, située en plein coeur de Nice.

Des hommes du Raid devant l’église, située en plein coeur de Nice.

AFP

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sur Twitter la tenue d’une «réunion de crise» à Paris, tandis que l’Assemblée nationale a décidé d’observer une minute de silence en solidarité à l’égard des victimes et de leurs proches.

Le Premier ministre Jean Castex a quitté précipitamment, jeudi matin, l’Assemblée nationale où il était venu préciser le reconfinement pour se rendre à la cellule de crise. Le président Emmanuel Macron s’y est également rendu et devait ensuite partir rapidement pour Nice.

Nice avait été endeuillée en 2016 par un attentat qui avait fait 86 morts sur la Promenade des Anglais le 14 juillet, en pleine fête nationale. L’attaque survient presque deux semaines jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, pris pour cible parce qu’il avait montré en classe des caricatures du prophète Mahomet dans un cours sur la liberté d’expression.

«Je n’ai jamais couru aussi vite de toute ma vie»

Sylvie, une habitante de la ville, est totalement secouée par ce qu’elle vient de vivre. Elle passait près de l’église quand des coups de feu ont retenti. «Tout le monde qui courait, et des cris Restez chez vous!», raconte-t-elle à «Nice Matin». La Niçoise sortait d’un supermarché quand l’attaque est survenue. Elle confie, encore tremblante: «À trois minutes près, peut-être que j’y passais.»

Florent, un autre témoin, raconte à BFM TV qu’il était sur le chemin de la pharmacie quand il a entendu des cris près de l’église. «Je ne sais pas si ça venait de derrière ou sur le côté (…) J’ai pris mon sac et je suis parti. On ne cherche pas à comprendre. Je me suis échappé. Je n’ai jamais couru aussi vite de toute ma vie», témoigne le jeune homme.

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