GenèveUber intègre un vrai service de taxis à son application
La société californienne s’est associée à la coopérative Taxis 202. Celle-ci y voit une opportunité pour ses chauffeurs. L’annonce est jugée très négativement par la centrale Taxiphone.

Dès jeudi, les Genevois pourront commander un taxi «202» via l’application Uber.
VQH – Georges CabreraUber étrennera jeudi à Genève un véritable service de taxi, intitulé Uber Taxi. Pour ce faire, la plateforme s’est associée à la coopérative Taxis 202, active au bout du lac depuis 1979. Les usagers pourront choisir, sur l’application, entre commander une course VTC en UberX ou réserver un trajet en taxi. Les différents prix leur seront fournis en amont, celui des taxis s’affichant sous la forme d’une fourchette. Ils seront en effet basés sur les tarifs officiels. Le montant affiché par le taximètre en fin de course fera foi.
Dans un communiqué diffusé ce lundi, l’entreprise californienne explique que «plusieurs dizaines» de chauffeurs indépendants «202» seront dorénavant connectés à l’application et «bénéficieront du système de réservation d’Uber via un système de frais de service adapté». La société juge que «le lancement d’Uber Taxi représente une opportunité pour tous les chauffeurs de taxi indépendants qui souhaitent compléter leurs revenus». Selon elle, ils perdront moins de temps à chercher ou attendre des passagers, et profiteront d’une clientèle élargie.
«C’est du gagnant-gagnant»
Président de la coopérative Taxis 202, Miguel Casimiro se déclare enthousiasmé par ce partenariat. «Pour les clients le service taxi sera plus rapide et efficace», alors que ses chauffeurs jouiront de «plus de visibilité et de mobilité en réduisant les temps d’attente entre chaque course». Il explique que c’est Uber qui l’a approché. «Les chauffeurs indépendants réclamaient une plateforme à l’État, eh bien cette plateforme existe, c’est Uber. Je me suis contenté de négocier les conditions d’affiliation pour mes chauffeurs. Je suis content pour eux, c’est du gagnant-gagnant.»
Le Tribunal fédéral doit trancher
Le service de presse d’Uber précise par ailleurs que les chauffeurs de taxis affiliés à Taxis 202 sont des travailleurs indépendants. «Cela signifie qu’ils sont chargés de déclarer et de payer leurs cotisations sur le chiffre d’affaires qu’ils génèrent.» Pour rappel, la justice genevoise a d’ores et déjà conclu que les chauffeurs officiant pour la plateforme californienne devaient être considérés comme des employés – une décision qu’Uber a contestée devant le Tribunal fédéral. Ce dernier n’a pas encore rendu son jugement.
«Le loup dans la bergerie»
Ce contexte fait bondir Cédric Bouchard, président de la centrale concurrente Taxiphone, qui se montre très critique quant à ce nouveau partenariat. «La tentative d’Uber de se mouler au modèle des taxis n’est pas susceptible de lui permettre d’échapper à sa qualification d’employeur et n’aura que pour effet de lui faire perdre tout attrait.» Il affirme que cette association «est très mal perçue par la majorité des chauffeurs de taxis genevois, car le loup est dorénavant dans la bergerie». Cédric Bouchard juge que les chauffeurs ayant cédé aux sirènes d’Uber risquent, à terme, de perdre leur statut d’indépendant; et il considère que les clients se perdront dans la jungle des offres. Surtout, il avertit: «Si Uber devait annoncer des prix faussement bas lors de la commande, ce serait un acte de concurrence déloyale grave.»
L’exemple allemand, l’alternative bernoise
L’option Uber Taxi existe depuis 2014 à Berlin. «Elle est utilisée par plus de mille taxis. Nous proposons également Uber Taxi dans d’autres villes allemandes», indique le service de presse d’Uber. Ce dernier précise que ce modèle est aussi disponible en Italie, en Grèce, en Turquie, en Israël, en Autriche, en République tchèque et en Irlande. Il ajoute qu’à Madrid et Berne, un fonctionnement alternatif a été développé: les taxis y sont directement intégrés à l’option UberX.