Haute-Savoie (F)Un éthylotest pour rouler malgré le retrait de permis
Pour éviter les pertes d'emploi, le département offre une solution de substitution aux conducteurs punis pour ébriété.

Le dispositif présenté jeudi est déjà utilisé par les départements de l'Hérault, du Nord et de l'Isère.
20 Minutes / jefConduire malgré un retrait de permis pour alcool au volant: c'est possible dès ce vendredi en Haute-Savoie, sous conditions. Le contrevenant peut choisir, pour éviter sa peine, d'équiper à ses frais sa voiture d'un éthylotest antidémarrage. Cela coûte un millier d'euros mais «on pense que cet investissement est moins onéreux que de perdre son emploi», évalue le préfet Pierre Lambert.
Le dispositif doit rester équipé durant la durée de privation du permis. Il ne concerne que les retraits de 6 mois ou moins (en lien avec des taux d'alcool dans l'air expiré compris entre 0,4 et 0,9 mg/l). Les récidivistes en sont exclus, comme les automobilistes impliqués dans un accident corporel.
Pas pour les frontaliers
Le système ne s'applique qu'aux permis français, et seulement en France. Les travailleurs frontaliers ne peuvent pas rouler en Suisse avec. S'ils y sont contrôlés, ils seront en défaut de permis. Le préfet et la gendarmerie ont dit vouloir faire évoluer cette situation. L'Office fédéral des routes confirme l'actuelle impossibilité, vu le droit européen.
La philosophie suisse
L'éthylotest anti-démarrage n'est pas utilisé en Suisse, mais Berne songe à l'introduire dans le cadre de Via Sicura. Rien à voir avec la France: il s'adresserait aux conducteurs privés de permis pour une durée indéterminée pour une grave infraction. Pour le récupérer, ils devraient suivre une thérapie, jouir d'un pronostic favorable et ne conduire que des voitures équipées du dispositif durant cinq ans.
RoadCross très sceptique
La solution française ne convainc pas RoadCross Suisse, fondation active dans la prévention routière. Mike Egle, son responsable communication, rappelle que le retrait de permis poursuit deux objectifs: s'assurer que les personnes inaptes à la conduite soient absentes des routes, et les punir. Dès lors, il ne voit pas de raison d'adoucir leur peine. "Conduire en état d'ébriété n'est pas anodin", juge-t-il. Il craint en outre que l'effet préventif de cette mesure soit bien moindre que celui d'un retrait de permis.
L'astuce pour dissuader les tricheurs
Pour que sa voiture démarre, le conducteur doit souffler dans l'éthylotest. Tant qu'il dépasse le seuil d'alcoolémie paramétré, l'auto reste bloquée. Pour éviter le recours à un comparse sobre, entre 5 et 30 minutes après le départ, aléatoirement, un bip retentit: le conducteur a alors vingt minutes pour souffler une seconde fois. S'il se soustrait à ce contrôle, au prochain arrêt, son véhicule reste immobilisé, contraignant de faire appel à une dépanneuse.