BerneUn parlementaire veut virer Dieu de la Constitution
Un conseiller national socialiste a déposé une motion pour corriger le préambule de la Constitution, présomptueuse et excluante à ses yeux.

Fabian Molina est l’ancien président des Jeunes socialistes suisses.
Tages-Anzeiger/Urs Jaudas«Au nom de Dieu tout-puissant! Le peuple et les cantons suisses, conscients de leur responsabilité envers la Création, […] arrêtent la Constitution que voici»: tel est le préambule du texte fondateur de toutes les lois suisses, témoin du passé fondamentalement religieux de la culture helvétique. Toutefois, celui-ci est révolu, estime le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH): Dieu n’a plus sa place dans un texte légal officiel.
Le parlementaire a déposé une motion visant donc à supprimer cette mention, en réaction à la votation sur l’interdiction de la burqa le 7 mars, rapporte «Blick». «Cette référence à Dieu et à la Création chrétienne contredit le principe de neutralité de notre État en matière de religion», précise Fabian Molina. Le socialiste estime qu’elle exclut les personnes de confession non chrétienne ainsi que les non-croyants, et va à l’encontre de la liberté de foi et de conscience garantie par la Constitution. Autrement dit, la Constitution se contredit elle-même. Et la question de la laïcité n’est pas la seule qui dérange le Zurichois. «D’un point de vue théologique, proclamer un texte juridique séculier au nom de Dieu est arrogant et présomptueux», argumente-t-il. En effet, personne ne peut prétendre parler au nom de Dieu.
Toutefois, la motivation de Fabian Molina derrière cette motion n’est pas seulement la distance entre l’État et la religion, mais aussi et surtout l’envoi d’un signal après les votations populaires interdisant d’abord les minarets, puis la burqa. «Nous ne voulons pas d’une théocratie, c’est-à-dire d’un régime religieux», assène-t-il. Des élus socialistes, Verts et Vert’libéraux ont cosigné son texte. Le Zurichois sait toutefois que les chances pour sa proposition d’aboutir sont minces, mais il se dit convaincu que si elle n’est pas acceptée cette fois, elle pourrait l’être lors d’une prochaine tentative.
Un débat déjà déroulé plusieurs fois
La même question s’est posée dans le canton encore très religieux du Valais l’an dernier, dans le cadre de l’écriture de sa nouvelle Constitution. La formule actuelle, le même «Au nom de Dieu tout-puissant!» était contestée par une minorité issue de plusieurs partis dans l’idée d’une écriture plus moderne et inclusive du genre «Croyant en Dieu ou puisant nos valeurs à d’autres sources», mais la majorité du PDC, de l’UDC et la moitié du PLR a finalement validé l’ancienne version. Un conservatisme déjà observé en 1998 lorsque l’Assemblée fédérale s’était penchée sur le sujet. Seul un athée avait alors osé prendre la parole: le socialiste genevois Jean Ziegler. Les modifications proposées, y compris l’idée de supprimer la notion de «tout-puissant», avaient toutes été balayées.