Genève: Un policier tire sur un pigeon, lui tord le cou et le jette sur la route

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GenèveUn policier tire sur un pigeon, lui tord le cou et le jette sur la route

Un agent, qui s’est acharné sur un oiseau en plein service, a été condamné pour mauvais traitements infligés aux animaux. Il a fait opposition à la décision du Parquet.

Le fonctionnaire s’en est pris au volatile à l’aide d’une sarbacane qu’il gardait dans son casier.

Le fonctionnaire s’en est pris au volatile à l’aide d’une sarbacane qu’il gardait dans son casier.

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«Les motivations du prévenu relèvent du défoulement ludique et cruel aux dépens d’un être vivant.» Ce sont les mots utilisés par le Ministère public pour décrire le comportement d’un policier genevois qui «s’est acharné» sur un pigeon jusqu’à le tuer. Le 30 juin dernier, l’agent a été condamné par ordonnance pénale, notamment pour mauvais traitements infligés aux animaux. Il a écopé de 180 jours-amende à 210 francs avec sursis (soit au total 37’800 francs) et d’une amende immédiate de 5000 francs. Le prévenu a fait opposition contre cette décision.

Il se «défoule» contre un pigeon

Les faits, établis grâce aux images de vidéosurveillance et reconnus par le policier, remontent à octobre 2021. En pleine nuit, un volatile a eu le malheur de se poser sur le store du magasin à côté du poste de police, où le fonctionnaire était de service. L’homme a alors décidé de «se débarrasser du nuisible».

Pour cela, il a utilisé une sarbacane qu’il gardait dans son casier. Il a tiré à deux reprises. «La première fléchette s’est plantée dans le store. Le deuxième projectile a touché le pigeon, qui est tombé devant lui.» Constatant que l’oiseau n’était pas mort, l’accusé a entrepris de terminer le travail en lui tordant le cou, après s’être muni de gants en latex. Une fois le pigeon tué, il a tenté de dissimuler «son méfait» en cachant le corps dans une bouche d’égout. Mais, trop gros, l’animal ne rentrait pas. Le quinquagénaire a alors lancé, d’un coup de pied, le pigeon sur la route où il a été écrasé par plusieurs voitures.

Un comportement «particulièrement idiot»

Pour se défendre, l’accusé a assuré qu’il souhaitait simplement éliminer l’oiseau qui avait déféqué sur l’entrée des locaux de police. Ce n’était en aucun cas «pour s’amuser ou faire du mal à l’oiseau». Il a toutefois reconnu qu’entreprendre cette démarche en uniforme et devant le poste de police «était particulièrement idiot», indiquant qu’il regrettait son geste. Des explications qui n’ont pas convaincu le procureur général, Olivier Jornot. Selon lui, au vu de l’acharnement, l’agent a bien fait preuve de cruauté.

En outre, le tir de pigeons nécessite une autorisation de la part du Canton. En 2019, l’Etat nous avait fait savoir que cela devait être effectué par des professionnels, garantissant que l’animal soit tué sur le coup et que le public soit en sécurité. Une action autorisée de manière «très restrictive».

Frappée d’un recours, l’affaire n’est pas close.

Commandante de police «consternée»

Contactées, les forces de l’ordre indiquent que la commandante Monica Bonfanti «a pris connaissance avec consternation des actes reprochés à ce policier et condamne fermement ce comportement, qui est inacceptable dans les rangs de la police». Sans pouvoir entrer dans le détail s’agissant d’un cas particulier, «le collaborateur en question sera sanctionné proportionnellement à la faute commise». Celui-ci a d’ailleurs aussi été puni pour la détention d’un bâton télescopique sans permis et d’un pistolet à billes. La sarbacane, elle, n’est pas considérée comme une arme. «Il n’y a pas de règle particulière ni d’autorisation spéciale pour son acquisition.» L’objet peut néanmoins «être saisi suivant les circonstances liées à son utilisation».

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