LAUSANNELe nom d’un raciste enlevé à la hussarde
Un ou des inconnu(s) ont enlevé une plaque de rue d’un naturaliste controversé et tenté d’en arracher une autre. Surprise, la Ville souhaite un débat politique et va placer un panneau explicatif d’ici à la mi-août.
La polémique sur l’appellation de lieux publics en mémoire de personnages historiques racistes se poursuit. Si la Ville de Neuchâtel a décidé en 2018 de débaptiser l’année suivante l’Espace Louis-Agassiz, devant son université, les autorités lausannoises ont, elles, refusé d’agir ainsi. Elles préfèrent expliquer et mettre en contexte avec une plaque additionnelle. C’est qu’au-delà de ses brillantes recherches scientifiques, Louis Agassiz, natif du canton de Fribourg et ancien professeur à Neuchâtel au XIXe siècle, s’est aussi fait connaître aux États-Unis, où il vécut, comme tenant d’une ségrégation raciale envers les Noirs.
Alors que la pose du panneau explicatif dans la ruelle en question a pris du retard en raison d’un débat et d’un vote à venir au parlement de Lausanne, un ou des inconnu(s) ont agi nuitamment cet été. «20 minutes» a récemment constaté qu’une des trois plaques de la rue Agassiz a été volée, tandis qu’une deuxième a subi une tentative vaine d’arrachage.
Pas de revendication
Ni la police ni les autorités politiques de la ville ne semblaient être au courant de cette situation récente et n’ont reçu de revendication. Le dépôt d’une plainte est-il envisageable puisqu’il s’agit d’un vol et de dégradations? «Vu ses faibles chances de succès, en cas d’auteur inconnu, et les coûts modestes de remplacement d’une plaque de rue, à ce jour la Ville n’a jamais déposé de plainte sur ce type des dégradations et dans ce genre de situation», souligne la municipale Florence Germond. Comme ce type de cas sont «extrêmement rares», elle n’estime pas nécessaire de faire changer la serrurerie spécifique pour ces plaques communales.
«Nous poserons d’ici à la mi-août une plaque explicative»
Responsable des Finances, des Routes et de la Mobilité, Florence Germond rappelle qu’il faut attendre les débats du Conseil communal sur cette question. «Et notamment l’orientation qui sera souhaitée par les élus entre les deux variantes, à savoir: une plaque explicative ou un changement de nom de la rue, explique la politicienne socialiste. Ceci est d’autant plus important que l’actualité des mouvements antiracistes et antidiscriminations tel que Black Lives Matter montrent qu’un vrai débat est nécessaire à tous les niveaux institutionnels, dont celui de la Commune.» Mais en raison du retard pris, l’Exécutif de Lausanne a décidé d’agir: «Nous allons poser la plaque explicative d’ici à la mi-août en même temps que la remise des plaques de rue», dévoile Florence Germond.
Le Pic Agassiz ne change pas de nom
Le Conseil municipal de Grindelwald (BE) a décidé début juillet que l’Agassizhorn (ou Pic Agassiz) doit conserver son nom, même si le glaciologue Louis Agassiz a promu des thèses racistes. Pour le maire de la commune, «on ne peut pas effacer les taches de l’histoire. Le mieux est de l’accepter avec ses côtés positifs et négatifs». Les deux autres communes qui se partagent le sommet – Guttannen (BE) et Fieschertal (VS) – avaient déjà répondu négativement en 2010 à une demande du comité «Démonter Louis Agassiz».