université de Genève: Une conférence à nouveau bloquée par des activistes

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université de GenèveUne conférence à nouveau bloquée par des activistes

Des militants se réclamant de la cause trans ont interrompu la présentation d’un livre mardi à Uni Bastions. Il s’agit du second épisode du type en un mois. L’alma mater va déposer plainte.

La conférence était organisée à Uni Bastions.

La conférence était organisée à Uni Bastions.

TDG – L. Guiraud

Débattre à l’Université devient de plus en plus compliqué. Mardi soir, la conférence d’un professeur français, Eric Marty, a été interrompue de manière assez musclée par des militants se réclamant de la cause trans. L’érudit, qui officie à l’Université Paris Diderot, était venu présenter son dernier ouvrage: «Le sexe des Modernes. Pensée du Neutre et théorie du genre». C’est la seconde fois en trois semaines qu’un tel épisode se produit. Le 29 avril, des activistes avaient empêché la tenue d’une autre conférence donnée par deux psychanalystes, elles aussi françaises, qui étaient venues parler de leur livre, «La fabrique de l’enfant transgenre – comment protéger les mineurs d’un scandale sanitaire».

L’événement de mardi soir était organisé par l’Université elle-même (contrairement au premier qu’elle se contentait d’héberger), en l’occurrence son Département de langue et de littérature françaises modernes. Le livre qui devait faire l’objet d’une présentation explore l’émergence du concept de genre à travers l’histoire, et les différentes pensées dans lesquelles il prend racine.

Violences verbales et physiques

La salle d’Uni Bastions où se tenait la conférence suivie par une vingtaine de personnes a été occupée en tout début d’exposé par une trentaine d’activistes, mettant un terme définitif au débat. Selon les témoignages, il y a eu des violences verbales et physiques. La professeure de lettres à l’origine de l’événement aurait notamment été prise à partie avec l’idée qu’une femme blanche non trans ne pouvait pas prendre la parole sur un tel sujet. Il semble par ailleurs qu’une bousculade se soit produite, et que le conférencier et une partie de public aient été aspergés d’eau et de gel hydroalcoolique.

«Les gens qui ont peur des livres sont rarement du bon côté de l’histoire»

Marco Cattaneo, porte-parole de l’Université

L’Université, par la voix de son porte-parole Marco Cattaneo, réagit très vivement à cette action. «Il est inadmissible qu’un livre, dans une université, ne puisse pas être un objet d’études, qu’un groupe s’arroge le droit de penser qu’un livre ne peut être débattu. Les gens qui ont peur des livres sont rarement du bon côté de l’histoire.»

Plainte pénale

L’alma mater s’apprête à déposer une plainte pénale, et ajoute que s’il s’avère que certains manifestants sont des étudiants, «ils auront à répondre de leur action au niveau administratif.» Un passage devant le conseil de discipline est envisageable. «Il y a des règles dans la société, il y a des règles à l’Université, et l’on ne peut s’en affranchir», indique Marco Cattaneo.

Il précise par ailleurs qu’il est «hors de question que les professeurs soient poussés à s’autocensurer. Le genre est évidemment un sujet d’études sur lequel les chercheurs vont continuer à travailler, et nous allons évidemment continuer à organiser des événements publics sur cette question.» Le communicant explique par ailleurs que «si l’analyse montrait que telle ou telle conférence était plus sensible, nous adapterions le dispositif de sécurité en fonction, comme nous le faisons déjà par exemple lorsque nous accueillons certaines personnalités politiques, comme récemment le secrétaire général de l’ONU.»

Fin avril, les activistes avaient justifié leur action en expliquant que les discours transphobes n’avaient pas leur place à l’Université. Ils jugeaient qu’en les accueillant, l’institution rendait ce propos audible et tolérable. Ils avaient aussi déclaré ne pas vouloir débattre, le débat étant «un instrument des dominants pour canaliser la colère des dominé.es.» A l’heure actuelle, l’interruption de mardi soir n’a été ni revendiquée, ni expliquée.     

Les militants: «Façonner des enfants conformes»

La professeure: «L’histoire protège de la violence»

L’association: «Intéressant que cela se passe»  

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