Une étude le démontreTrop de Suisses partagent des photos ridicules de leurs enfants
Le «sharenting» est chiffré pour la première fois dans notre pays. Les mauvaises habitudes sont légion, au point d'alerter la Protection de l'enfance suisse.

Un Suisse sur dix s'adone régulièrement au «sharenting».
Getty«Regarde la tête de Theo sur cette photo!» «Oups, Emma a eu un petit accident de maillot de bain.» Des commentaires à première vue innocents, mais qui n'ont rien d'anodin: selon la Protection de l'enfance, les parents suisses sont coupables de beaucoup trop de maltraitance involontaire quand ils publient des photos de leurs enfants sur internet.
Du meme à la pédopornographie
Pour la première fois, des chiffres sont disponibles sur l'étendue de cette pratique, qu'on appelle le «sharenting». L'Université de Fribourg a interrogé un panel de 1600 parents et a publié ses résultats au début du mois, relatait jeudi «La Regione». Verdict: un papa-maman sur dix publie «régulièrement» des images de ses enfants. Certains toutes les semaines. La moitié d'entre eux a entre 36 et 40 ans, et 45% des «coupables» ne demandent même pas la permission à leur progéniture avant de poster le cliché.
Ces chiffres alertent la Protection suisse de l'enfance. «Cela viole la convention de l'ONU sur les droits de l'enfance, qui consacre le droit à la vie privée, le droit à l'image et le droit à l'autodétermination», écrit-elle. Car on le sait, une fois un contenu diffusé sur internet, il est très difficile de garder le contrôle. «Potentiellement, 5 milliards de personnes peuvent tomber dessus», poursuit l'organisme. Et parmi elles, il y en a forcément qui sont mal intentionnées. Un petit meme peut déjà être assez embarrassant. Mais les risques plus sérieux sont aussi légion. Sextorsion, piratage, chantage: une simple photo de rentrée scolaire peut être détournée et finir sur un site pédopornographique.
Retour de bâton
Attention, à terme, le «sharenting» peut aussi se retourner contre ses auteurs. En 2020, aux Pays-Bas, un tribunal a ordonné à une grand-mère de supprimer de Facebook les photos de ses petits-enfants, après que leur mère avait saisi la justice. Les juges lui ont d'ailleurs aussi interdit d'en publier de nouvelles sans l’autorisation expresse de leurs représentants légaux. Quelques années auparavant, une «fake news» avait largement été diffusée, évoquant une Autrichienne qui aurait attaqué ses parents en justice pour les mêmes raisons, une fois devenue majeure. C'était bidon. Mais le premier cas avéré va bien arriver un jour ou l'autre.
Quatre conseils pour éviter les risques
Sur internet, il n'y a jamais d'assurance tous risques. Mais avec quelques précautions, on peut éviter les mauvaises surprises. Pour commencer, la Protection suisse de l'enfance recommande de configurer tous ses groupes et toutes ses apps en mode «privé». Elle conseille de ne jamais révéler d'infos sensibles comme les noms, âges, adresses ou écoles des personnes figurant sur les photos. Dans l'idéal, il faudrait éviter de rendre visible le visage des enfants et, évidemment, il est toujours utile de bien réfléchir avant de poster.