Ecublens (VD)Une poignée de festivaliers ont fait contrôler leur drogue à Balélec
Le festival de musique estudiantin a réuni des milliers de personnes sur le site de l’EPFL. La plateforme de prévention Nightlife Vaud proposait un «drug checking». Une grande première dans le canton.

Eviter la présence de drogues lors d’un événement pareil relève presque de l’impossible, selon les responsables du festival.
24heuresVendredi dernier, le festival de musique Balélec, sur le campus de l’EPFL, a été le théâtre d’un projet pilote vaudois en matière de prévention. La plateforme Nightlife Vaud, amie de longue date de l’événement, y a en effet testé le «drug checking», une première dans le canton: les festivaliers comptant prendre de la drogue pouvaient y contrôler sa composition pour plus de sécurité.
Sur les 15’000 visiteurs, 17 ont fait analyser leurs substances illicites. Un chiffre qui peut sembler assez dérisoire au regard du nombre de festivaliers, et du coût de l’opération: 200’000 fr. pour la première année pilote du dispositif. Mandataire, l’Etat de Vaud précise toutefois qu’aucun objectif chiffré n’avait été fixé.
Ce résultat était pourtant attendu, et demeure encourageant aux yeux de Nightlife Vaud. «Pour cette première, nous n’avions fait que peu de publicité, et comme le stand se trouvait vers l’entrée, les gens ne passaient devant qu’au moment d’arriver puis de partir», explique le directeur adjoint de l’association, Frank Zobel. D’ailleurs, en Suisse alémanique, où la pratique est plus courante dans les clubs et les festivals, elle dépasse rarement une quarantaine de consommateurs par soirée, précise Addictions Suisse, partenaire du projet.
«Le drug checking répond à une réelle demande des consommateurs, assure Stéphane Caduff, responsable de la prévention à la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme qui coordonne le projet Nightlife Vaud. Et nous permet d’enclencher des conversations intéressantes, d’aborder les moyens de réduction des risques». Addiction Suisse se réjouit également de pouvoir «entrer en contact avec des gens que l’on ne voit jamais dans les centre de conseil et de prévention», complète Frank Zobel. Outre l’analyse scientifique, l’entretien habituel dure une trentaine de minutes.
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20 Minutes«Partir du principe qu’il n’y aura pas de drogue au festival, c’est hypocrite»
Au long de la soirée, trois pilules sur les 17 testées ont présenté des anomalies de composition. Les personnes ont alors pu récupérer leurs propriétés si elles le souhaitaient, demander une analyse plus poussée ou évidemment, s’en débarrasser. «Ce n’est pas parce que les gens consomment des drogues illégales qu’ils ne sont pas intéressés par leur santé» explique Stéphane Caduff. Il rappelle que peu importe le résultat des tests, ce n’est jamais un encouragement à l’usage de drogue, seulement une incitation à consommer de façon plus responsable et en connaissance de cause.
Selon Neil Chennoufi, chargé de la promotion de Balélec : «Partir du principe qu’il n’y aura pas de drogue dans un festival, c’est hypocrite». Sur ce constat, le festival a travaillé en étroite collaboration avec Nightlife Vaud mais aussi avec les autorités cantonales et policières, afin de «privilégier la prévention plutôt que d’être dans la répression».
S’il veut pouvoir garantir son efficacité, le dispositif doit cependant impérativement évoluer dans les mois à venir. En effet, le «drug checking» fonctionne grâce à une base de données, également disponible en ligne. Plus la base est fournie, plus elle sera en mesure de contrôler les différentes substances qui tournent sur le marché. Or, elle est aujourd’hui loin d’être exhaustive. «J’ai apporté une amphétamine et au fond j’ai aucune idée de ce que c’est réellement, j’aurai aimé qu’on m’explique clairement», regrette par ailleurs Camille*, présente à la soirée de vendredi. Elle loue cependant la bienveillance des accueillants, et annonce qu’elle retournera certainement tester ses consommations à l’avenir.
Genève pionnière
* Nom d’emprunt