GenèveUne soirée de la communauté érythréenne part en vrille
Le repas d'une association de femmes s'est attiré les foudres de compatriotes. Ils y ont vu une marque de soutien à la dictature de leur pays. Les tensions ont fini dans un nuage de lacrymogène.
L'intervention de la police à la rue des Rois, samedi 23 mars 2024, vers 20h.
dra/20minAlors qu'une association de femmes érythréennes avait prévu un repas dans un local du quartier de Plainpalais, samedi, des tensions ont émaillé l'évènement. Une centaine de manifestants opposés au régime dictatorial érythréen ont empêché les convives de se rendre à la soirée privée. Dans un premier temps, la police a bouclé les rues jouxtant le lieu du repas, a révélé la «Tribune de Genève».
Versions divergentes
La présidente de l'association qui existe depuis une trentaine d'années, dit ne pas comprendre: «Nous n'avons aucun lien avec le gouvernement, assure-t-elle. Mais nous n'avons rien non plus contre lui. Ce samedi, il s'agissait juste d'un repas avec pour thème les droits des femmes.» Une version que conteste un opposant au pouvoir en place depuis des années à Asmara. «Sous couvert de la cause des femmes, il s'agit de récolter de l'argent et d'appuyer la dictature. Le consul devait par exemple être présent au repas», affirme le jeune homme, posté à 100 mètres de l'entrée du local où seule une petite partie de la centaine d'invités a pu se rendre.
La police charge
Au fil de la soirée, la tension est montée entre forces de l'ordre et manifestants anti-gouvernementaux. Certains d'entre eux ont jeté des pierres et des barrières de chantier dans la rue et sur les agents. Des membres du Black Block, qui avaient défilé dans l'après-midi au sein de la manifestation pour le logement, ont aussi pris part à ces violences. Ils avaient refusé de se disperser une fois le cortège terminé dans le même secteur que la manifestation érythréenne, à Plainpalais.
Peu avant 20h, des individus ont tenté de forcer le cordon de sécurité des forces de l'ordre pour s'approcher du bâtiment où avait lieu le repas visé par les opposants. La police a alors chargé en tirant des gaz lacrymogènes pour disperser une cinquantaine de personnes, à la rue des Rois. Parmi elles, «20minutes» a aussi constaté la présence de jeunes personnes, qui semblaient étrangères aux deux évènements mais visiblement très excitées à l'idée de «vivre» une confrontation avec la police.
La situation s'est ensuite calmée, mais un important dispositif de sécurité est resté sur place jusqu'à 23h. La police n'a pas relevé d'autres incidents.

La police a bouclé l'accès aux rues qui mènent au lieu de la réunion (entrée du bâtiment, à gauche). Les opposants ont été maintenus à distance (au fond, à droite).
draPas la première fois
En septembre dernier, lors d'un festival, des affrontements entre Érythréens avaient fait 12 blessés à Zurich. Le mois passé, de vives tensions avaient à nouveau éclaté au sein de la communauté, en marge d'une récolte de fonds à Villars-sur-Glâne (FR). Elles avaient obligé la police à effectuer une importante intervention. Il n'y avait pas eu de blessés.