Valais: bras de fer autour d'une concession TV
La course à la concession pour une télévision cantonale s'annonce tendue en Valais.
La chaîne Canal 9 se retrouve en concurrence avec Valais Wallis TV, un projet issu du Haut-Valais et porté par quasiment tous les autres médias valaisans.
Cette coalition a surpris dans la partie francophone du canton, tant la légitimité de Canal 9, qui occupe le petit écran depuis 25 ans, semble établie. La question est sur toutes les lèvres: pourquoi «Le Nouvelliste», «Le Confédéré», Rhône FM et Radio Chablais, notamment, ont-ils rejoint le projet Valais Wallis TV ?
Pas de torpille
Approchés pour entrer dans le capital-actions de la société TV en formation, nous avons jugé le projet bien ficelé, répondent en substance les intéressés. Ils ont donc accepté d'entrer en matière.
«Il ne s'agit pas là de torpiller Canal 9, bien au contraire puisque nous avons spécifié que cette chaîne devait être partie prenante au projet», indique Claude Défago, directeur de Radio Chablais.
Christian Stärkle, président de Tele Oberwallis AG et initiateur du projet Valais Wallis TV, le confirme d'ailleurs sur tous les tons: il ouvre grand les portes à Canal 9 au cas où son projet remporterait la concession.
Un mur d'opposition
Le même enthousiasme n'est pas perceptible du côté de Canal 9. Il faut dire que les rapports entre Christian Stärkle et la chaîne régionale n'ont jamais été au beau fixe. Le premier accuse la seconde de n'avoir jamais voulu entrer en négocations. De plus, M. Stärkle craint que la TV cantonale prévue par Canal 9 n'accorde au Haut-Valais qu'une fenêtre de quelques minutes par jour.
Canal 9 réplique avoir entamé des pourparlers avec des personnalités haut-valaisannes en novembre 2006 déjà. «Nous avons plus tard été confrontés à un mur d'opposition dans le Haut-Valais. Nous avons alors préféré mettre toute notre énergie dans le dossier de concession», explique Jacques Melly, président de Canal 9, qui s'exprime pour la première fois dans cette affaire.
Fermée comme une huître
Jusqu'au dépôt des candidatures pour l'obtention d'une concession, début décembre, Canal 9 a donc continué à naviguer en solo, ignorant les remous. «D'un côté nous avions une proposition de collaboration de Valais Wallis TV, de l'autre rien...», relève Jean-Yves Bonvin, directeur de Rhône Média et du «Nouvelliste».
Selon Adolphe Ribordy, rédacteur en chef du «Confédéré» et président du conseil d'administration de Rhône FM, il aurait pourtant suffi que Canal 9 approche à son tour les médias pour que le vent tourne. Mais la chaîne régionale «s'est fermée comme une huître, sûre de sa perle».
Jacques Melly avoue ne pas comprendre l'attitude des médias valaisans. Il estime de toute façon qu'il serait «malhonnête» d'entrer en matière sur des collaborations quelconques avant même l'attribution de la concession.
Structures désuètes
Les dossiers sont actuellement sur la table de l'Office fédéral de la communication (OFCOM). D'ici l'attribution de la concession prévue au début de l'été 2008, il n'est pas exclu que le gouvernement valaisan, qui s'est déclaré en faveur d'une chaîne unique diffusant en deux langues, ne doive jouer les médiateurs.
Pour Jean-Yves Bonvin quoi qu'il advienne, Canal 9 devra évoluer: «La structure associative a vécu». L'un des points forts du projet serait sa structure claire avec des sociétés anonymes établies, des actionnaires et des pouvoirs décisionnels en rapport. Une structure dans laquelle Rhône Média peut envisager d'engager des moyens. (ats)