Mis sous curatelle après une arnaque: «C'est disproportionné»

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ValaisMis sous curatelle après une arnaque: «C'est disproportionné»

Un octogénaire valaisan a été mis sous curatelle après une tentative d’escroquerie dont il a été victime. Avec son avocat, il dénonce une mesure disproportionnée.

Willy ne touche plus que 1200 francs par mois tirés de son compte.

Willy ne touche plus que 1200 francs par mois tirés de son compte.

Alicia Windzio/dpa

Willy* est un retraité de 89 ans qui en paraît dix de moins. Cet ex-responsable des bâtiments des HUG et d’un dicastère communal en Valais a vu son monde s’écrouler quand l’Autorité de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA) de Martigny a décidé de le mettre sous curatelle.

Entre fin 2023 et début 2024, fraîchement séparé de la maman de sa fille adulte, Willy souffre de solitude. Il passe du temps sur des sites de rencontre et sympathise avec une Toulousaine avec laquelle il passe Noël. En janvier, il commence à avoir des doutes sur cette relation, en raison des demandes d’argent répétées de sa nouvelle chérie. Il sollicite alors l’avis de sa banque.

«La mesure est disproportionnée»

«Au guichet, j’ai donné mon téléphone à une employée pour lui montrer mes échanges amoureux. Elle a copié des données à mon insu et les a transmises à l’APEA», se désole le presque nonagénaire. La machine est lancée et une expertise est ordonnée contre la volonté du concerné. «Les capacités de discernement sont altérées et diminuées», concluent les experts. La sentence de l’APEA tombe: un curateur est désigné pour la gestion des affaires administratives et financières de Willy. En outre, les frais d’expertise, soit près de 10'000 francs, ont été débités de son compte bancaire auquel il n’a plus accès.

Me Aba Neeman a saisi le Tribunal cantonal pour la levée de la curatelle. «Mon client s’occupait de sa gestion administrative et financière. Il n’a aucune poursuite et vient d'organiser son déménagement sans l’aide du curateur. Cette mesure est disproportionnée», s’insurge l’avocat. «Je subis une restriction injustifiée et inacceptable de ma liberté. Si mes comptes bancaires étaient dégarnis, l’APEA n’aurait jamais montré autant de zèle à gérer mes affaires», soupire Willy.

*Prénom d’emprunt

Villageois dans l’incompréhension

Dans l'ancien village de Willy, sa mise sous curatelle indigne. «Ce qui frappe le plus chez lui, c’est sa lucidité et son air jeune par rapport à son âge réel. Je ne comprends pas comment on peut mettre une telle personne sous curatelle», réagit un ami. Son ex-voisin abonde: «Il m’a aidé à fixer des tôles protégeant le bois pour le feu. Il a si bien combiné vis et lanières que son travail a résisté aux rafales de vent». «Willy est un bricoleur et un homme super gentil. Mais, de nos jours, la gentillesse est devenue un vilain défaut», se désole un contemporain du senior.

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