Valais«Sion sous les étoiles invisibilise les femmes»
L’édition 2024 du festival, à 100% masculine, fait grincer des dents sur le net. En censurant les commentaires critiques, la direction s’enfonce mais assume.

L’open air affirme que son format ne colle pas avec l’offre actuelle en artistes féminines.
20min/François MelilloPas une seule femme ne foulera la scène de Sion sous les étoiles en cinq jours, cette année. Le festival a dévoilé sa programmation complète au début du mois, et si les préventes se portent bien, les partisans de l’égalité des genres ont la nausée.
Car sur les réseaux, ceux qui interpellent l’open air sur la question voient quasi tous leur commentaire supprimé. «C’est pas top qu’il n’y ait aucune artiste féminine dans ce festival, mais en nous faisant taire de la sorte, on nous invisibilise encore plus et c’est pire», réagit une quadragénaire vaudoise. Selon elle, la censure a commencé la semaine dernière. «Plusieurs messages ont été effacés et le festival ne répond pas quand on le tague. Je ne suis pas du tout militante, mais cette attitude est juste blessante. Or, si on ne parle pas du problème, rien ne changera jamais.»
Directeur de l’évènement, Michael Drieberg assume sa communication. «Avec les réseaux sociaux, ça finit toujours par partir en vrille. Alors je préfère enlever les commentaires polémiques et répondre en privé à ceux qui nous écrivent poliment par email.»
Aucune femme sur scène dans un festival, ça vous choque?
Sur le fond, l’homme d’affaires dit en revanche être le premier déçu de ne programmer aucune artiste féminine cette année. Mais il y a selon lui un problème de format. «Notre festival est le seul en Suisse à proposer une unique scène, explique-t-il. Ça veut dire que je dois pouvoir vendre 10’000 billets sur le seul nom des têtes d’affiche. Peu de femmes en sont capables malheureusement, ou alors elles sont hors de portée, comme Rihanna ou Adele. A l’Arena de Genève ou au Hallenstadion de Zurich, ils ont le même problème.»
Mais Michael Drieberg précise toutefois qu’il vient juste de signer son premier contrat pour Sion sous les étoiles 2025: «Et cette artiste est une femme!»
Un problème systémique
Cet automne, la musicienne suisse Sophie Hunger dénonçait un cas identique avec le festival tessinois Moon & Stars. Dans la foulée, la RTS réalisait un tour d’horizon: en 2022, tous les festivals romands avaient une programmation qui snobait les femmes. Au niveau des têtes d’affiches, Paléo et Sion sous les étoiles affichaient un petit 6% de musiciennes, le Palp Festival 20% et Festi’neuch près de 33%. La Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelles dénonçait alors «un problème structurel» et appelait «à changer les réflexes».