Van Niekerk: «Je vais mourir à l'entraînement!»

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Athlétisme – Diamond LeagueVan Niekerk: «Je vais mourir à l'entraînement!»

Le champion olympique sud-africain du 400m a battu jeudi soir à Lausanne le record d'Athletissima sur le tour de piste. Interview.

Oliver Dufour
Lausanne
par
Oliver Dufour
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Il était la star la plus attendue au stade de la Pontaise et il n'a pas déçu. Wayde Van Niekerk a amélioré (en 43''62) de quatre centièmes de seconde le record du meeting estampillé Diamond League d'Athletissima, qui avait été établi par l'Américain Michael Johnson en 1996. Le Sud-Africain a aussi battu de six centièmes la meilleure performance mondiale de l'année, alors qu'il disputait seulement son premier 400m de haut niveau cette saison. Et le natif du Cap s'est même permis de relâcher son effort sur les derniers mètres de course. De quoi laisser penser qu'une amélioration de son propre record du monde (43''03) est encore réaliste pour les échéances à venir.

Vous avez semblé en contrôle tout au long de la course. Ou était-ce juste une impression, vu de l'extérieur?

Sur les deux cents premiers mètres, j'ai pas mal cogité, mais je savais que je voulais tout donner sur les deux cents derniers. Isaac (ndlr: Makwala), à ma droite, a réalisé une bonne performance – j'ai tellement de respect pour le compétiteur qu'il est, ça fait un moment qu'on se côtoie – et je l'ai utilisé pour me tester jusqu'à la ligne d'arrivée. Après quand j'ai vu que j'étais devant et que la course était confortable, j'ai aussi un peu relâché l'effort. Je ne voulais pas être à fond non plus, parce que la saison est encore longue et que je veux économiser autant de force que possible d'ici aux Mondiaux de Londres. J'y prévois le coup double (ndlr: 200 et 400m). Je devrai donc être au top de ma forme.

Vous étiez stressé avant ce premier 400m compétitif?

C'est fou, parce que j'essaie de me dire d'être un peu plus positif et d'apprécier un peu plus cette discipline, mais c'est dur pour moi. C'est une épreuve qui a jusqu'ici constitué une force dans ma carrière et je dois en prendre soin.

Quel sera votre programme pour les semaines à venir?

J'irai à Monaco dans deux semaines, toujours sur 400m. Ça va encore me demander beaucoup de force mentale et de caractère à constituer. Mais après la course de ce soir (ndlr: jeudi), je suis assez confiant sur le fait de parvenir à m'en sortir là-bas aussi. Je vais continuer à m'entraîner en Europe, comme je suis aujourd'hui établi en Italie.

On a l'impression que le meilleur reste à venir pour vous sur 400m…

J'adorerais le croire! Je suis là pour m'améliorer. Je veux faire mieux chaque saison et j'espère pouvoir entraîner cette forme dans les compétitions majeures.

Après avoir battu le record du monde de Michael Johnson, vous avez aussi amélioré ici à Lausanne le record du meeting. Vous pourchassez ses temps!

La question m'a été posée hier (ndlr: mercredi) de savoir si je visais ce «chrono». J'avais dit que mon but principal était la constance, pas les records. Mais je suis heureux d'avoir quand même pu répondre à cette question sur la piste (sourire). Le record est tombé et ça me montre simplement que je suis dans une forme positive. J'en suis très reconnaissant.

Pourquoi variez-vous entre les courses plus courtes et le 400m, comme vous l'avez fait dernièrement?

Les courses plus courtes sont vraiment celles que j'aime faire, celles pour lesquelles l'excitation est la plus grande. Je m'étais fixé quelques buts en tentant de courir en-dessous de certains temps. Sous les dix secondes sur 100m, sous les vingt pour le 200m. C'est une bénédiction de pouvoir participer à ces sprints. Mais maintenant c'est le retour aux choses sérieuses. Fini les vacances! Je retrouve mon bon vieil ami le 400m. C'est l'heure de se remettre au dur labeur.

Pensez-vous être dans la même forme que l'an dernier? La question de l'amélioration de votre record du monde est forcément sur toutes les lèvres…

A ma grande surprise, je dois admettre que je me sens plutôt en bonne forme. J'ai établi de bons temps depuis le 100m jusqu'au 400m. Je me sens positif. Mais tout est question de pouvoir livrer la marchandise sur la piste le jour J. J'ai quand même eu plusieurs petits bobos cette année et c'était difficile de rester positif et constant à l'entraînement. Donc je suis assez surpris de ma bonne forme. C'est un signe que la forme de l'an dernier revient, mais je ne devrais pas le prendre pour acquis. Je dois utiliser cette inertie pour aller de l'avant.

Quel programme de travail attendez-vous de la part de votre coach Anna Botha d'ici aux Mondiaux?

Je doute qu'elle s'amuse avec moi (sourire)! Je vais mourir à l'entraînement. Mais j'espère que le «chrono» du jour l'attendrira un peu!

Quel accord aviez-vous passé avec elle avant la course?

Il n'y en avait pas. C'était mon premier 400m, donc on était tous les deux assez curieux de voir ce que j'allais pouvoir produire. Et ce résultat est plutôt satisfaisant.

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