Vaud«Euthanasier ce chien, c'est ni plus ni moins qu'un assassinat»
Seulement deux mois après avoir adopté une chienne, une famille l'a fait endormir pour des motifs douteux.

La jeune chienne a été euthanasiée fin décembre.
PixabayLa responsable d'un refuge vaudois est scandalisée. En s'occupant de gestions administratives sur Amicus, la base de données des chiens enregistrés en Suisse, elle a découvert fortuitement qu'une chienne de 16 mois, placée à peine deux mois plus tôt, était morte fin décembre. «Je n'arrivais pas à y croire! Je me suis dit qu'il s'agissait forcément d'une erreur», partage la responsable. Mais l'information était exacte. Un vétérinaire avait pratiqué une euthanasie.
Le contrat passé entre le refuge et la famille adoptante stipulait pourtant que cette dernière n'avait pas le droit de faire endormir l'animal, sans l'accord du premier. Et, en cas de doute, il devait être rendu au refuge. «Ces clauses sont courantes, explique Stéphane Crausaz, de la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA). Chez nous, nous interdisons aussi que l'adoptant cède un chien à une tierce personne. S'il ne peut pas le garder, il doit nous le rendre. L'idée n'est pas de mettre des bâtons dans les roues des gens, mais de s'assurer du bien-être de l'animal.»
Comportement agressif
Par la suite, la famille a expliqué à la responsable que la chienne avait soudainement changé de comportement. «Elle faisait ses besoins dans notre lit et elle était devenue agressive envers notre premier chien. Mais il n'était pas question pour nous de la rendre. Nous ne voulions pas qu'elle revive un abandon.» Et la responsable du refuge d'asséner: «Je trouve ces raisons futiles, surtout que, ici, tout allait bien. Euthanasier ce chien, c'est ni plus ni moins qu'un assassinat!»
Légalement, l'acte ayant été réalisé par un vétérinaire, on ne peut même pas parler de maltraitance. «Le droit suisse autorise la mise à mort des animaux pour autant que cela soit fait dans les règles de l’art», explique le vétérinaire cantonal, Giovanni Peduto. La seule arme légale de la propriétaire serait donc d'attaquer la famille pour rupture de contrat. «À quoi bon? Récupérer quelques francs? Cela ne fera pas revenir la chienne», considère la lésée.
Déontologiquement, en revanche, «l’euthanasie ne doit être pratiquée que s’il y a une raison valable», indique la Société des vétérinaires suisses (SVS). Dans le cas d'espèce, Giovani Peduto s'interroge: «Peut-être a-t-on identifié une pathologie organique au pronostic sombre?» La SVS aussi pense qu'il devait y avoir une bonne raison. «Nous partons du principe que nos membres s'en tiennent au code des vétérinaires», soutient-elle.
Propriétaire n'est pas détenteur
Propriétaire et détenteur ne sont pas des synonymes, quand il s'agit de chiens. En fonction du droit cantonal et des éventuels contrats d'adoption, un refuge par exemple peut demeurer propriétaire d'un animal. L'adoptant devient alors le détenteur. C'est toutefois lui qui a l'obligation d'agir en cas de besoin. Dans la situation ci-dessus, le vétérinaire n'avait donc aucune obligation d'informer le refuge, bien qu'officiellement encore propriétaire de la chienne.