VaudL’EPFL ne respectait pas ses propres règlements d’examen
Considéré en échec définitif, un étudiant a obtenu une nouvelle chance grâce au Tribunal administratif fédéral qui a relevé des vices de forme dans son épreuve.

La Faculté de l'environnement naturel, architectural et construit (ENAC) aura bientôt une nouvelle doyenne.
epfl.chLa première fois, il n’avait pas assez travaillé. Il l’admet volontiers. Mais son deuxième échec au moment de présenter son projet, dans le cadre d’un master en génie civil, a laissé un étudiant de l’EPFL sans voix. «L’examen oral s’est passé dans un cadre inhospitalier. J’ai ressenti d’emblée comme une envie de me saquer. Les examinateurs cherchaient la petite bête. On aurait dit un interrogatoire de police», se souvient-il. Mais le plus dur à supporter, c’est que ce second échec était définitif. «Être recalé, comme ça, à la toute fin de mon parcours, m’a bousillé le moral. J’ai même dû consulter un psy», explique-t-il.
À la suite de l’épreuve, le jeune homme a multiplié les démarches pour comprendre les raisons de cet échec, ainsi que les recours pour obtenir une nouvelle chance. Débouté dans un premier temps par les instances de l’EPFL, il s’est ensuite adressé au Tribunal administratif fédéral (TAF), qui vient de lui donner raison… trois ans plus tard!
Il pourra repasser l’épreuve
En épluchant les règlements d’examens de l’EPFL, le TAF a en effet relevé plusieurs vices de forme dans l’évaluation de l’étudiant. Le jour-J étaient présents une examinatrice, un expert externe et un observateur. En marge du rapport d’évaluation de l’examinatrice, l’observateur aurait dû rédiger un résumé du déroulement de l’épreuve. Mais il ne l’a pas fait, comme il n’a pas davantage pris de notes ou signé le rapport. Ce dernier ne contenait pas de barème d’évaluation et l’étudiant n’a pas eu accès aux logiciels nécessaires au début de la préparation de son projet. «La violation formelle ne peut mener qu’à autoriser le recourant à repasser l’épreuve en question», conclut le TAF.
Pour sa part, l’EPFL estime que «le TAF a admis le recours de l’étudiant pour des vices de forme en faisant une interprétation stricte des règlements de l’EPFL, qui ne correspondait pas à la pratique.» Pour éviter qu’à l’avenir d’autres étudiants profitent de ce décalage entre la pratique et les règlements pour contester un résultat d’examen, l’EPFL explique être en train «d’examiner les mesures à adopter, notamment de procéder à des modifications et clarifications dans lesdits règlements». Pour finir, l’école souligne qu’elle n’avait perdu aucun recours au TAF de 2019 à 2022. En moyenne, un recours par an avait été déposé, «sauf en 2022 où quatre recours l’ont été».
Nomination polémique
Malgré cette victoire obtenue au terme d’un long combat, l’étudiant concerné n’avait pas prévu de faire de vagues. Mais la récente nomination au rang de doyenne de la professeure qui l’a fait échouer l’a ulcéré. «Elle m’a fait perdre trois ans de ma vie, ainsi que ma santé mentale. Et on la récompense avec une promotion?» s’insurge-t-il. «Elle regrette naturellement beaucoup que l’étudiant en question ait perdu du temps et comprend l’impact sur sa carrière. Elle espère néanmoins que cette 3e chance lui permettra de présenter avec succès son projet de master», rétorque l’EPFL.