Vernier va tirer la prise de son éclairage public

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GenèveVernier va tirer la prise de son éclairage public

Par souci écologique, la deuxième ville du canton éteindra ses lampadaires dans plusieurs quartiers. Les résidents auront un rôle à jouer.

par
David Ramseyer
Dès septembre 2020 et pour six mois de test, l'éclairage public verniolan sera éteint entre 1h et 5h du matin dans quatre secteurs de la commune. Celui entre Balexert et Châtelaine (ici, le chemin De-Maisonneuve) est le plus densément peuplé (plus de 4300 habitants).
Autre secteur concerné: Aïre (ici, le chemin des Sellières).
Le secteur d'Aïre comporte plusieurs zones villas (ici: le chemin du Renard).
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Dès septembre 2020 et pour six mois de test, l'éclairage public verniolan sera éteint entre 1h et 5h du matin dans quatre secteurs de la commune. Celui entre Balexert et Châtelaine (ici, le chemin De-Maisonneuve) est le plus densément peuplé (plus de 4300 habitants).

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Près de 8000 Verniolans vont plonger dans le noir, dès septembre prochain. La commune supprimera l'éclairage public dans quatre secteurs essentiellement résidentiels (Balexert, Aïre, Canada et la zone industrielle du Lignon). Et ce, d'une heure à cinq heures du matin, toute la semaine.

Test de six mois

Les retours positifs sur l'opération d'extinction des lampadaires de «La Nuit est belle», en septembre dernier dans le Grand Genève, , ont notamment convaincu les autorités communales de franchir le pas pour une phase de test de six mois, en collaboration avec les Services industriels de Genève, la police municipale et les médiateurs de nuit de la commune.

Economies d'énergie, préservation de la santé, mais aussi de la faune et de la flore, valent bien pareille mesure «pour dépolluer la nuit de ses lumières artificielles, appuie le conseiller administratif chargé de l'aménagement, Yvan Rochat (Les Verts). Cela va dans le sens d'une meilleure qualité de vie des habitants».

Réalité et fantasmes

Les autorités comptent beaucoup sur la participation des Verniolans. Un questionnaire sera envoyé aux personnes concernées durant l'expérience, «et nous ferons un suivi plus soutenu de la situation avec des groupes-témoin de résidents», précise Yvan Rochat.

Il y aura des interrogations, des craintes, c'est sûr, admet l'élu: «Notre objectif, c'est d'évaluer l'extinction de l'éclairage public dans la réalité, pas sur l'idée fantasmée que l'on peut s'en faire.» En cas de succès, la mesure, devisée à 17'000 francs, sera étendue; et «si ça ne va pas, et bien on arrêtera».

Avis positifs

À Balexert, en tous cas, les habitants du secteur le plus densifié du projet semblent accueillir favorablement l'opération. «C'est très bien, assure Carla, une jeune mère de famille. J'avais déjà beaucoup apprécié la baisse de luminosité lors de «La Nuit est belle». Si on peut économiser de l'énergie, tant mieux». Pour Jorge et Luis, tous deux retraités, «on devrait étendre cette mesure, car il faut changer les choses pour préserver la nature».

N'empêche, «ça me fait un peu peur en matière de sécurité», avoue une senior. Un argument que disent comprendre Emilia et Julien, un couple de quadragénaires, «notamment pour ceux qui rentrent tard de soirée. Reste que la mesure est utile écologiquement parlant». Enfin, Cécile, 27 ans, estime que conserver un éclairage public n'est guère utile «car de toute façon, entre une et cinq heures du matin, la plupart des gens ne sont pas dehors. Ils dorment».

Ambiance tamisée

Pour lutter contre la pollution lumineuse, il existe une étape intermédiaire avant l'extinction: baisser l'intensité de l'éclairage. À terme, cette mesure devrait être effective sur une bonne partie du territoire verniolan, selon les autorités. Ce sera le cas pour les quelques 6000 habitants des Avanchets. Des travaux y sont en cours, pour réduire de moitié l'intensité lumineuse des candélabres. Les cités du Lignon et des Libellules devraient suivre.

L'ombre plane sur d'autres communes

Si le projet lancé par Vernier reste un cas rare en Suisse romande, il n'est pas unique. En terres neuchâteloises, Val-de-Ruz est devenu la plus grande commune du pays (environ 17'000 habitants) à mettre sur "off" ses candélabres. Entrée en vigueur l'an passé, la mesure ne s'applique pas à l'illumination des passages pour piétons. Le Canton indique par ailleurs que d'autres projets sont à l'étude, dont un concerne la Ville de Neuchâtel. Autre plongée dans le noir: Les Enfers. La petite commune jurassienne d'environ 150 âmes a débranché son éclairage depuis début janvier, pour un test d'un an. Enfin, au-delà de nos frontières, l'extinction partielle ou complète des lampadaires est notamment effective dans plusieurs milliers de communes françaises, dont Mérignac (70'000 habitants), près de Bordeaux.

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