«Vibe coding» via l'IACréer un site ou une app sans connaissances, fantasme ou réalité?
Séduisant, le concept du «vibe coding», qui promet de coder sans effort grâce à l'IA, se heurte à une réalité plus complexe pour les utilisateurs sans bagage technique.

Les programmeurs savent souvent comment rédiger les prompts pour obtenir du code adéquat pour leurs projets.
Photo by Chris Ried on UnsplashNous serions tous capables de créer une app ou un site sans rien connaître à la programmation: c’est la promesse, trompeuse pour certains, du «vibe coding», qui met à profit le bond en avant de l’IA générative. «Vous vous laissez porter par la vibe» – qui désigne une impression suscitée par une situation vécue ou une personne – «et vous oubliez le code», a suggéré le cofondateur d’OpenAI et ancien de Tesla Andrej Karpathy, début février, dans un message posté sur X, utilisant pour la première fois le terme «vibe coding». «Je réalise des projets ou des apps», a-t-il écrit, «mais ce n’est pas vraiment de la programmation. Je vois un truc, je parle, je fais tourner, je copie-colle, et ça marche, dans l’ensemble.»
Cet informaticien et entrepreneur fait référence aux nouveaux modèles d’IA générative, qui produisent des lignes de code sur simple demande en langage courant, par écrit ou même à l’oral. Le concept du «vibe coding» est resté cantonné au milieu de l’IA jusqu’à ce que le journaliste tech du «New York Times», Kevin Roose, affirme, dans un article, avoir créé sites et apps sans connaissances du langage de programmation.
«Avoir simplement une idée, et un peu de patience, est suffisant»
Les interfaces ChatGPT ou Claude peuvent écrire tout un programme, ligne par ligne sur demande, de même que Gemini, qui a lancé mardi sa version dédiée, Gemini Canvas. De nombreuses plateformes d’IA générative, spécifiquement consacrées au code, se sont aussi imposées ces derniers mois, de Cursor à Lovable, en passant par Bolt, Replit ou Windsurf.
«Peut-être sommes-nous en train de vivre une rupture fondamentale dans la façon dont les logiciels sont créés et par qui», a réagi Matteo Cellini, spécialiste de marketing en ligne, sur Substack. «Cela pourrait entraîner des suppressions d’emplois, particulièrement pour ceux qui se concentrent sur de la programmation de base», suggère Yangfeng Ji, professeur d’informatique à l’université de Virginie.
Apps personnalisées
Quant aux profanes du code, beaucoup ont du mal à attraper la «vibe». «Les gens qui n’ont pas d’expertise en matière de programmation sont en difficulté lorsqu’ils utilisent ces modèles parce qu’ils n’ont pas les outils, les connaissances pour évaluer ce qu’ils produisent réellement», tempère Nikola Banovic, professeur d’informatique à l’université du Michigan.
Sur les réseaux sociaux, les rares internautes béotiens qui font état de leur «vibe coding» rapportent s’être rapidement heurtés à des obstacles techniques, rendant impossible l’exécution satisfaisante du programme qu’ils ont imaginé. Sans savoir ce qu’est un répertoire numérique, un terminal, un environnement d’exécution ou une interface de programmation d’application (API), il est ardu de créer une app qui fonctionne.
L’IA générative a consacré l’importance du «prompt», c’est-à-dire la demande soumise à l’interface pour obtenir le résultat souhaité. «Les programmeurs savent souvent comment rédiger ces prompts (pour du code) parce qu’ils ont une connaissance de l’IA», décrit Nikola Banovic, «mais pas les utilisateurs ordinaires», quand bien même, il s’agit de langage courant.
Comme une équipe de 100 ingénieurs dans la poche
Associé gérant de la société de capital-risque Andreessen Horowitz, Andrew Chen invite, sur Substack, à imaginer «ce à quoi ressemblera cette technologie dans cinq ans. Cela sera comme d’avoir une équipe de 100 ingénieurs dans votre poche, prêts à concevoir tous les logiciels que vous voudrez».
Pour Yangfeng Ji, à terme, «le "vibe coding" a le potentiel de démocratiser le développement des apps et d’ouvrir la voie aux apps personnalisées, faites pour répondre à des besoins spécifiques».