Ville de GenèveLes zones piétonnes «sont un eldorado» pour les commerces
Selon une étude indépendante, la piétonnisation des rues et la mobilité douce profitent aux magasins en ville. L'Exécutif y voit une confirmation de sa politique.

Les rues Basses, au centre-ville.
Laurent Guiraud/ TamediaPlus des trois quarts des clients des commerces, en ville, sont des personnes qui résident dans ou près de la Cité de Calvin. Résultat: pour faire des achats, la mobilité douce est plébiscitée, selon une étude indépendante demandée par le Conseil municipal et dévoilée lundi. Jusqu'à 89% de la clientèle des magasins s'y rend à pied, surtout, avec les transports publics ou à vélo.
Pareils résultats ont fait le bonheur des conseillers administratifs des Verts Frédérique Perler, chargée de l'Aménagement, et Alfonso Gomez, qui chapeaute l'Environnement. Selon la première, «cela contredit la légende urbaine qui affirme que pour faire des affaires, un commerce de proximité a besoin de parkings et d'accès en voiture. Piétonnisation et achats font en réalité bon ménage, les zones apaisées constituent un eldorado commercial!» La politique municipale en faveur de la mobilité douce va donc «dans la bonne direction», a conclu Alfonso Gomez.
Les méthodes de l'étude
L'enquête s'appuie sur trois sources: d'abord, sur les résultats pour Genève des données fédérales Microrecensement mobilité et transports. Ensuite, sur une enquête de terrain auprès de 792 personnes, réalisée à l'automne passé dans quatre quartiers (rues Basses, Eaux-Vives, Servette et Plainpalais). Et enfin, sur un questionnaire en ligne auprès de 2000 commerçants (ndlr: seuls 150 y ont répondu).
Davantage de bus le samedi
Directeur de l'étude, Sébastien Munafo a relevé que la clientèle des magasins se disait favorable à la mobilité douce pour venir faire ses achats. Mais les avis sont plus partagés quant à une piétonnisation totale. Alors que les commerçants «surestiment la part de leurs clients qui viennent en voiture», les automobilistes sont pour leur part prêts à changer de mode de transports «si les alternatives sont attractives».
Corolaire de cette dernière observation: l'enquête recommande notamment une hausse de la cadence des transports publics le samedi, traditionnel jour de shopping. Elle conseille également la mise à disposition de parkings souterrains en périphérie. Elle encourage enfin à «mieux préserver les piétons des vélos, avec des tracés clairs et des stationnements pour les deux-roues», afin d'éviter une cohabitation parfois difficile.
Les commerçants restent prudents
Entre l'étude sur la consommation dans le Grand Genève, publiée le 6 février, et l'enquête révélée ce jour, «la part de déplacement de la clientèle en voiture a diminué de moitié», ironise Flore Teysseire, secrétaire générale de Genève Commerces. De quoi douter des chiffres présentés par les Verts de l'Exécutif municipal? Sur le fond, cependant, les deux documents font le même constat: la très grande majorité des gens se rendent dans les magasins à pied, en bus ou à vélo. «Renforcer les transports publics vers le centre-ville, ainsi que la piétonnisation ne sont donc pas forcément une mauvaise chose, note Flore Teysseire. Pour autant que l'accès aux livraisons soit garanti, et que les commerçants soient consultés.» En matière de dialogue, d'ailleurs, la faîtière grimace: «La Ville aurait pu nous associer un minimum à l'enquête; par ailleurs, elle ne nous en a pas livré les résultats.»