Votation du 9 février: affrontement sur les limites planétaires

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Votation du 9 févrierInitiative environnementale: le oui et le non s'affrontent

A deux semaines du vote sur l'initiative des Jeunes Vert-e-x-s pour le respect des limites planétaires, opposants et partisans défendent leurs arguments.

Margot Chauderna (Jeunes Vert-e-x-s) et Maxime Moix (Jeunes du Centre) s'affrontent sur l'initiative pour une responsabilité environnementale, en votation fédérale le 9 février.

Margot Chauderna (Jeunes Vert-e-x-s) et Maxime Moix (Jeunes du Centre) s'affrontent sur l'initiative pour une responsabilité environnementale, en votation fédérale le 9 février.

Pour ou contre l'initiative «pour une responsabilité environnementale», et surtout, pourquoi pencher d'un côté ou de l'autre? «20 minutes» fait le point sur les arguments des deux camps. Pour défendre le texte, la co-présidente des Jeunes Vert-e-x-s suisses Margot Chauderna; dans le camp du refus, le vice-président des Jeunes du Centre suisse Maxime Moix.

Margot Chauderna, la Suisse n'en fait pas déjà assez pour le climat?

Nous avons lancé cette initiative en 2021. Nous estimions que le gouvernement et le parlement n'était pas à la hauteur de l'urgence de la situation. Aujourd'hui, l'économie ne fait toujours pas son travail justement d'«économie» de ressources. On dépasse toujours 19 fois le seuil des gaz à effet de serre, sans parler des autres limites planétaires (biodiversité, ressource en eau, acidification des océans, consommation d'eau...), comme le montre une étude de Greenpeace.

Maxime Moix, vous êtes jeune et vous combattez l'initiative, pourtant on parle aussi de votre avenir...

Nous ne remettons pas en question le principe à long terme. Mais dix ans, c'est trop court, on n'y arrivera pas. Il faudrait des mesures drastiques, des interdictions, et on sait que ça, la population n'en veut pas. La feuille de route actuelle en matière de climat et de biodiversité est déjà ambitieuse, mettons-la en œuvre. Il y a eu un tournant avec la loi climat acceptée en 2023 et la loi sur l'électricité plébiscitée en 2024. Il faut veiller à ne pas réduire le rythme malgré les coupes dans le budget fédéral, mais le cap est bon.

Margot Chauderna, dix ans, c'est un peu court, en effet?

Ce délai est à la hauteur des catastrophes auxquelles nous faisons face, en Suisse aussi, alors qu'on dépasse déjà la hausse de 1,5° prévue dans les accords de Paris. On en parle depuis les années 70 déjà... Par ailleurs le Parlement avait discuté d'un contre-projet sans ce délai, qui a été balayé aussi... La preuve que la majorité de droite ne veut pas économiser nos ressources.

Maxime Moix, n'est-ce pas une nécessité d'agir vite?

Bien sûr, mais il faut aussi éviter de peser trop lourdement sur les porte-monnaies. S'il faut diviser la consommation par trois, il faudrait diminuer l'offre, ajouter des contraintes de production. Cela limiterait notre prospérité et ferait grimper les coûts de l'alimentation, du logement etc. Il n'y a pas de solution magique.

Margot Chauderna, comment éviter les hausses de prix, les taxes et les interdictions?

Nous n'en voulons pas non plus. Nous laissons au Parlement le soin de choisir les mesures qu'il souhaite, mais notre revendication, c'est de se concentrer sur les principaux responsables, qui tirent du profit de cette situation. C'est une question de justice sociale, ce n'est pas à la population de payer pour eux. Or on sait qu'un petit nombre d'entreprises émet une majorité des émissions de CO2, et que 40 milliards de francs de subventions fédérales versées chaque année sont dommageables à la biodiversité - commençons par ça.

Maxime Moix, le Parlement pourrait-il faire de meilleurs choix afin d'assumer sa responsabilité environnementale à l'égard du monde?

C'est vrai que ce chiffre de 40 milliards est impressionnant, mais il faut déjà prendre en compte l'ampleur des investissements prévus dès aujourd'hui, qui se chiffrent à 1400 milliards d'ici 2050 pour le volet énergétique, plus 109 milliards pour atteindre le net zéro d'ici cette date. Bien sûr, la Suisse est un pays riche et elle a un rôle à jouer; si on ne fait rien les autres ne feront rien non plus. Mais il faut rester réalistes et proportionnés.

Pour aller plus loin

  • Fin janvier, la deuxième vague de notre sondage continuait de prévoir un échec cuisant pour l'initiative, qui ne récolte plus que 32% de oui, sans grosse différence entre les âges ni les classes de revenus. Les citadins sont un peu plus nombreux à la défendre.

  • Les arguments des Jeunes Vert-e-s au moment de lancer l'initiative.

  • La proposition avait bien failli ne pas recueillir les signatures nécessaires à cause de doublons.

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