Voyage: Très polluants, les trajets en jet «semi-privé» se démocratisent

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VoyageTrès polluants, les trajets en jet «semi-privé» se démocratisent

A mi-chemin entre l'avion de ligne et le jet privé, un nouveau modèle presque abordable se développe. Greenpeace demande son interdiction.

Un tel voyage promet une expérience premium, mais pollue cinq à dix fois plus qu'un avion de ligne.

Un tel voyage promet une expérience premium, mais pollue cinq à dix fois plus qu'un avion de ligne.

Travelcoup

Zurich - Olbia: 613 fr. aller, pareil pour le retour. A ce prix, c'est en jet de 16 places qu'une compagnie propose de transporter vers la Sardaigne le voyageur cherchant une expérience premium, sans débourser ce que coûterait un «vrai» jet privé. Principale différence avec le modèle le plus exclusif: l'avion part à une heure précise, indépendante de la volonté des passagers. Mais l'embarquement se fait dans un terminal séparé de celui du commun des mortels se dirigeant vers un avion de ligne.

L'offre est en plein essor, révèle la «SonntagsZeitung». La compagnie qui la propose, Travelcoup, est en train d'étendre ses offres avec 13 nouvelles destinations cet été, dont un aller-retour hebdomadaire entre Berne et Ibiza pour 1458 fr. «Nous comblons une lacune sur le marché, et il existe une demande», explique Maurice Gauch, porte-parole de la société basée à Obwald. Et la Suisse est un marché attractif pour la société. «On y trouve une clientèle à fort pouvoir d'achat et aimant voyager, qui attache de l’importance au confort, à l'efficacité et à l'exclusivité»

Jets privés loués pour couvrir les frais

L'Office fédéral de l'aviation civile montre que le trafic des jets privés est en légère augmentation, de 50'700 vols en 2014 à 52'900 en 2024 dans les principaux aéroports et aérodromes du pays. Et la catégorie des vols «taxis», qui comprend notamment l'offre de Travelcoup, a augmenté de 18% sur 10 ans. A noter que c'est dans les aérodromes régionaux de Samedan (GR) et Sion que la hausse est la plus forte. Ce dernier est passé de 2770 mouvements en 2014 à 4359 l'an dernier, soit une hausse de 63%.

De nombreux propriétaires de jets privés mettent leurs appareils à disposition de sociétés de charter et couvrent ainsi leurs frais d'entretien. Cette réalité est particulièrement répandue à Samedan, dont l'aérodrome planifie une rénovation à quelque 68 millions de francs qui devrait permettre d'accueillir encore plus d'avions et permettrait de passer de 16'500 mouvements aujourd'hui, dont 18% de jets, à 23'000. Mais en Engadine, on applique surtout le modèle privé, tarifé à au moins 11'000 dollars par heure de vol.

Jusqu'à dix fois plus de CO2

La tendance a toutefois un revers: un tel trajet émet entre cinq et dix fois plus de gaz à effet de serre qu'en avion de ligne, proportionnellement au nombre de passager. Avec la hausse des voyages en jet privé, les rejets CO2 ont grimpé de 46%, passant de 10,7 à 15,6 millions de tonnes selon une revue spécialisée. «Nous sommes favorables à une interdiction des vols en jet privé», au niveau communal ou régional, déclare Roland Gysin de Greenpeace. Il critique aussi l'appellation «semi-privé» qui ferait oublier qu'il s'agit bien de vols avec des jets privés.

L'Association suisse de l'aviation d'affaires s'oppose toutefois à toute restriction. Elle estime que les jets privés sont avant tout un outil de travail pour hommes d'affaires et diplomates dans l'accomplissement de leurs tâches indispensables au pays. «La branche doit rester attractive pour les organisations internationales, les grandes entreprises suisses et les multinationales», écrit-t-elle.

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