Tourisme extrême: un Suisse voyage en Syrie malgré les dangers

Publié

Voyageur ou voyeur?En Syrie, un retraité suisse s’essaie au «dark tourism»

Malgré les mises en garde de Berne, un Suisse s’est rendu en Syrie. Sa démarche suscite des critiques liées au tourisme vers les zones de crise, qui cartonne sur Insta.

La situation en Syrie reste dangereuse, selon la Confédération.

La situation en Syrie reste dangereuse, selon la Confédération.

AFP

Trois mois après la chute du régime d’Assad, les premiers touristes étrangers commencent à revenir en Syrie. Parmi eux, Jürg Reichel, un Suisse de 75 ans, s’est rendu dans le pays malgré les avertissements du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui déconseille formellement tout séjour en Syrie.

Accompagné d’un guide local, ce médecin retraité a visité Damas, Palmyre et Alep. Sa famille a tenté de le dissuader, évoquant le risque d’enlèvement. «Mon fils m’a dit qu’il aurait du mal à payer une rançon», raconte-t-il à la SRF. Mais Jürg Reichel affirme vouloir se faire sa propre idée de la situation sur place.

Un business «voyeuriste», mais qui cartonne

Son voyage soulève des critiques liées au «dark tourism», ce tourisme dans les zones sinistrées ou en crise. Certains dénoncent une démarche voyeuriste ou peu éthique. Pourtant, des agences comme la britannique Untamed Borders proposent déjà à nouveau des circuits en Syrie. Son fondateur, James Willcox, défend ces voyages : «Beaucoup de Syriens ne veulent plus que leur pays soit uniquement défini par le conflit.»

La tendance des voyages vers des destinations extrêmes cartonne d'ailleurs sur les réseaux. Kurt Caz, un YouTuber aux 3 millions d'abonnés, en a fait sa spécialité. Idem pour Luke Tarrant, sur Instagram. Pour lui, l'aventure a mal fini puisqu'il a perdu une jambe lors d'un périple en Amérique du sud.

De son côté, Jürg Reichel estime qu’il était important de constater l’ampleur des destructions par lui-même. «Voir ces villages rendus inhabitables m’a profondément marqué», explique-t-il. Il ajoute qu’il préfère dépenser son argent sur place plutôt que de se limiter à des dons humanitaires.

Ton opinion