«Week-end à la ferme»Véganes et viandards peuvent-ils enterrer la hache de guerre?
Huit personnes aux convictions opposées sur le bien-être animal vont tenter de trouver un terrain d'entente dans l'émission «Week-end à la ferme», sur RTS1.

Militante antispéciste, Virginia Markus a fondé son association co&xister qui recueille des animaux rescapés d'élevages.
DRDes véganes défenseurs de la cause animale peuvent-ils s'entendre avec des carnivores? Dans «Week-end à la ferme», dont le premier épisode sera diffusé mercredi 26 mars 2025, à 20h10, sur RTS1, huit protagonistes venant de divers horizons vont se réunir dans une ferme jurassienne. Le temps d’un week-end, ils vont débattre du bien-être animal et de l'impact de ce que nous mangeons sur l'environnement. À travers les codes de la téléréalité, les discussions seront vives et les émotions parfois intenses, mais sans jamais tomber dans l'affrontement vulgaire. Chacun s'y révélera dans son humanité et sa complexité.
Parmi eux, Virginia Markus ne regrette pas d'avoir participé à cette expérience. Pour la militante antispéciste romande, participer à ce programme a été «très constructif», car elle souhaitait justement «dépasser les clivages». Se retrouver face à des viandards bien ancrés dans leurs convictions ne l'a donc pas désarçonnée. «Mon but est de sortir de cette opposition permanente entre les défenseurs des droits des animaux et les éleveurs, les carnistes, etc. L'émission a contribué à mieux comprendre nos réalités mutuelles. Cette dynamique-là est au cœur de mon travail quotidien dans le milieu agricole», nous explique la fondatrice de l'association co&xister, qui œuvre en faveur d'une cohabitation respectueuse entre les humains et les animaux.
L'impact écologique lié à la viande
Virginia a aussi trouvé cette expérience humaine très forte. «Ce n'était presque pas surprenant, mais j'ai pu développer des affinités avec des gens ayant des idées très opposées aux miennes et qui ont aussi fait évoluer leur conscience au fil de l'émission», se souvient la Vaudoise de 35 ans. Face à l'impact écologique lié à la production de viande, l'autrice de plusieurs livres sur la condition animale tient à rappeler une réalité: «Au-delà de l'éthique animale, il faut savoir que les terres cultivables en Suisse sont essentiellement dédiées à l'affouragement des animaux dits de rente. Il est urgent de développer une approche alimentaire plus éco-responsable.»
Selon une étude de l'Agroscope, centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole, la Suisse devrait arrêter d'élever des porcs et des poulets, si elle veut être davantage autosuffisante sur le plan alimentaire. «Parce que ces animaux sont justement très friands en céréales qu'on pourrait dédier directement aux humains», explique Virginia.

En tant qu'agriculteur, Colin Schwab, 26 ans, est ravi d'avoir pu donner son point de vue dans le programme.
RTS/Laurent BleuzeDe son côté, Colin Schwab ne l'entend pas de cette oreille. Cet éleveur de cochons et de vaches estime que son rôle est de nourrir les gens. «On est huit milliards sur cette planète et il y a un tiers des êtres humains qui ne mangent pas à leur faim. Je ne me vois donc pas dire à ces gens-là qu'on va se passer de l'élevage en Suisse», grogne-t-il. Le Neuchâtelois de 26 ans souhaite surtout que l'on s'efforce de «consommer local», de vérifier la provenance des aliments et d'éviter d'acheter des aliments qui ne sont pas de saison.
Quant au bien-être animal, l'agriculteur prétend y faire attention. Il fait toutefois une nette distinction entre un animal domestique et un animal de rente, alors qu'ils ont la même sensibilité: «On n'aime pas faire souffrir nos bêtes et on essaie de leur offrir de bonnes conditions d'élevage, dit-il. Mais le gros problème, c'est l'argent, ça doit être rentable. On ne peut donc pas toutes les laisser en liberté.»