GenèveLes gendarmes ne se rasent plus
Depuis 11h ce jeudi matin, les gendarmes genevois ont entamé une grève de l'uniforme et des amendes d'ordre.
Les gendarmes genevois en ont ras-le-bol de ne pas être entendus par la conseillère d'Etat Isabel Rochat. Pour exprimer ce mécontentement, l'union du personnel du corps de police (UPCP) a annoncé jeudi une grève illimitée des amendes d'ordre, de l'uniforme et du rasage.
Ces trois mesures ont été votées mercredi soir à l'unanimité moins six voix lors de l'assemblée générale de l'UPCP qui a rassemblé environ 250 membres, a indiqué le président du syndicat Christian Antonietti. Ce résultat clair montre le mécontentement de la corporation, selon le syndicaliste.
«Nous ne voulons pas négliger les prestations à la population», a assuré M.Antonietti en détaillant les trois mesures qui sont immédiatement applicables. Concrètement, les gendarmes patrouillent désormais en civil avec un gilet identifiable et leur arme de service, ne se rasent plus et peuvent garder leurs piercings ou boucles d'oreille.
Concernant les amendes, la grève vise les amendes d'ordre et les contraventions. Les automobilistes en faute seront toutefois interpellés et remis verbalement à l'ordre. Le syndicat compte aussi sensibiliser la population à ses revendications par le biais de flyers et de stands.
Ces revendications sont multiples. La principale est de pouvoir revenir à la table des négociations avec le Conseil d'Etat en étant respecté et de pouvoir se déterminer sur les réformes en cours, selon M.Antonietti. Il cite en particulier le projet de réorganisation «Phenix» auquel il estime ne pas être associé.
Travail à la carte
L'UPCP dénonce aussi des conditions de travail inacceptables suite à l'entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale. Le temps dévolu aux tâches administratives a quadruplé alors qu'il faudrait être dans la rue, critique le président qui demande par conséquent l'engagement immédiat de personnel administratif.
Autre point de mécontentement: le travail à la carte et le manque de reconnaissance sur la pénibilité de la tâche. Dans sa liste des revendications, l'UPCP cite aussi une prise de conscience nécessaire concernant la violence à l'encontre des policiers ou encore une reconnaissance du travail des représentants syndicaux.
L'UPCP se défend de revenir sur les accords conclus entre la police et le Conseil d'Etat. «Des modifications ont ensuite été effectuées derrière notre dos», accuse Jean-Marc Widmer, membre du comité de l'UPCP. Il évoque en particulier un délai de 72 heures qui ne serait plus respecté pour annoncer des modifications des horaires des gendarmes.
Grève générale
L'UPCP a donc durci le ton et envisage même une grève générale. Avant cette ultime échéance, l'assemblée de l'UPCP s'est prononcée sur 17 autres mesures dont la teneur n'a pas été dévoilée pour réserver l'effet de surprise. Mais les syndicalistes espèrent une issue favorable à la crise avec un retour à des négociations constructives.
La grève de l'uniforme et du rasage est une première au sein de la police genevoise. En revanche, les gendarmes ont déjà utilisé la grève des amendes d'ordre et des heures supplémentaires comme moyen de pression. C'était le cas fin 2008 et début 2009 au sujet d'une prime qu'ils estimaient mériter pour leur travail lors de l'Euro 2008. Ils avaient eu gain de cause après plusieurs mois. (ats)