Un simulacre de sacrifice humain au cœur du CERN

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GenèveUn simulacre de sacrifice humain au cœur du CERN

Un énième hoax vise depuis une semaine le centre de recherche, qui estime que cela fait de la publicité à ses activités.

Julien Culet
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Julien Culet

Une demi-douzaine de silhouettes encapuchonnées en rang devant une statue du dieu hindou Shiva, une jeune femme qui se fait poignarder. Le CERN est la cible d'un nouveau canular. Une vidéo a été mise en ligne sur plusieurs comptes Youtube la semaine passée. Les publications affichaient lundi plus de 150'000 vues au cumulé. L'organisation est régulièrement le sujet d'hoax. Les plus notables: l'ouverture fin-juin d'une porte vers l'Enfer et la menace, en 2008 et 2012, qu'un trou noir genevois avale la Terre.

Le CERN confirme que la vidéo a bien été tournée en ses murs mais qu'aucun sacrifice humain n'a été perpétré. La statue avait été offerte par l'Inde. Une enquête interne est menée pour retrouver les plaisantins. Il pourrait s'agir d'étudiants qui viennent pendant l'été. Un porte-parole explique toutefois que l'organisation voit ces canulars comme «une opportunité d'expliquer les expériences que nous menons».

Une page de son site internet est d'ailleurs consacrée à répondre aux questions du grand public. «Nous voulons apporter des réponses lorsqu'il y a des inquiétudes, poursuit le porte-parole. Nous espérons que la majorité des gens comprennent ce qui est vrai en donnant des éléments factuels.» La vidéo est traitée sur le site internet en anglais et prochainement sur celui en français.

Ne pas surréagir aux hoax

Spécialiste des nouvelles technologies de l'information, Stéphane Koch estime que le CERN est particulièrement visé par les hoax de par le caractère de ses recherches. «Chercher les origines de l'Univers touche à quelque chose de mystique, explique-t-il. Il y a une zone d'inconnue. Or, les gens n'aiment pas le vide, l'incertitude. Cela constitue un terreau fertile à l'implantation de canulars.» Le centre de recherche se juge vulnérable aux théories du complot «comme toutes les organisations ou individus qui travaillent sur des sujets complexes, techniques et peu évidents à comprendre».

Stéphane Koch explique que ces canulars se diffusent principalement dans des réseaux de théoriciens du complot. «Internet permet de renforcer ses propres croyances infondées car on va se contenter de chercher ce qu'on pense», précise-t-il. D'après lui, les organisations comme le CERN ne doivent pas surréagir à ces hoax «au risque de leur donner de la consistance». Le spécialiste s'inquiète aussi du manque d'éducation à l'information des jeunes qui se contentent souvent des réseaux sociaux.

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