Des ouvriers se rebellent, la police intervient

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Coronavirus (GE)Des ouvriers se rebellent, la police intervient

Des travailleurs d'un chantier de l'aéroport de Genève ont contesté le manque de mesures prises en lien avec la pandémie, mardi matin. Les forces de l'ordre ont calmé les choses.

Léonard Boissonnas
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Léonard Boissonnas
La police a été appelée pour apaiser la situation sur le chantier.

La police a été appelée pour apaiser la situation sur le chantier.

Leser-Reporter/Lecteur-reporter

«Nous sommes 130 sur le chantier, il n'y a pas de savon dans les toilettes, il y a des suspicions de maladie parmi les ouvriers, on ne veut que se protéger, nous et nos proches». Mardi matin, avec les annonces de la veille liées au Covid-19, la tension est montée de plusieurs crans sur un chantier de l'Aile Est de l'aéroport de Genève. Une trentaine d'ouvriers ont contesté la poursuite des travaux en pareilles circonstances et dans de telles conditions, comme le rapporte l'un d'eux.

Vers 8h30, le clash était tel que, sur demande des employés et de leurs supérieurs, la police cantonale s'est rendue sur place pour rétablir le calme. «Nous sommes intervenus afin d'apaiser une situation conflictuelle entre des ouvriers et leurs responsables, confirme Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole des forces de l'ordre genevoises. Nous sommes repartis une fois que les conditions pour la reprise d'un dialogue étaient garanties.»

«Ils veulent continuer, ce n'est pas possible»

«Face à ce virus, depuis plusieurs semaines, nous nous arrangeons pour essayer de ne pas manger ensemble, mais les WC mobiles n'ont jamais été équipés correctement, nous venons d'avoir des soupçons de quarantaine et là, ils veulent continuer le chantier, ce n'est pas possible. Nous avons peur de contaminer des proches. Moi, c'est clair, à partir de ce soir, je ne m'y rendrai plus», explique cet ouvrier.

L'entreprise générale chargée des travaux sur le site indique respecter l'ordonnance fédérale: «Les chantiers peuvent continuer normalement comme l'a dit le Conseil fédéral lundi, déclare la porte-parole extérieure de HRS. Bien entendu, nous respectons les consignes de l'OFSP et prenons cela au sérieux. Nous continuons également à diffuser les informations à ce sujet sur les chantiers.» Quant aux conditions d'hygiène dénoncées, la société précise qu'elle se renseignera et prendra les mesures nécessaires le cas échéant.

Fermeture des chantiers réclamée

Le syndicat Unia indique avoir été sollicité par de nombreux employés de différentes branches, dont la construction, inquiets: «Plusieurs travailleuses et travailleurs ont témoigné de situations dramatiques sur les lieux de travail restés ouverts, tout d'abord sur de nombreux chantiers où les installations sanitaires et les réfectoires n'ont pas été aménagés pour limiter la propagation du virus. Les syndicats de branche ont sollicité les associations patronales pour demander au Canton la fermeture immédiate des chantiers.»

Lors d'un point de situation sur le Covid-19 mardi après-midi, le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia, chargé du Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé a précisé que, concernant les chantiers, le Conseil d'Etat statuerait lors de sa séance mercredi, «car cette activité n'a pas été englobée dans les décisions» annoncées lundi.

L'arrêt des travaux est réclamé un peu partout, comme en ligne via une pétition ou dans le canton de Vaud, où l'Association romande des travailleurs de l'installation électrique, notamment, exige la fermeture des grands chantiers, comme celui du nouveau campus de l'Ecole hôtelière de Lausanne.

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