GenèveFacebook interdit une pub pour une expo de musée
Le MAH n'a pas pu diffuser une publicité au motif de la nudité des statues y figurant. «Absurde», réagit le ministre de la Culture de la Ville de Genève, Sami Kanaan.
Facebook et les œuvres d'art ne font décidément pas bon ménage. Le réseau social américain vient de refuser au Musée d'art et d'histoire de Genève (MAH) la diffusion d'un encart publicitaire pour l'exposition «César et le Rhône», qui s'ouvre vendredi prochain, pour cause de nudité.
L'institution voulait mettre en avant deux pièces «exceptionnelles»: une statue de captif datant de la fin du Ier siècle avant J.-C., provenant du Musée antique d'Arles, et la Vénus d'Arles, datant du Ier siècle de notre ère, prêtée par le Louvre.
«Peau excessivement visible»
Le MAH avait l'intention de promouvoir l'événement au moyen d'un carrousel de visuels, parmi lesquels figuraient les deux pièces. Mais Facebook a envoyé un premier message de refus (en anglais) qui indiquait: « Cette publicité ne fonctionne pas, parce qu'elle ne correspond pas à notre politique sur la publicité (…). Nous n'autorisons pas de publicités qui comportent des personnes dont la peau est excessivement visible.»
Après ce message, le MAH a alerté le réseau social, qui a motivé sa décision. «Nous n'autorisons pas les publicités comportant des positions sexuellement suggestives ou qui montrent beaucoup de peau (même si cela est pour une raison artistique ou éducative) à cause de leur nature hautement sensible», peut-on lire dans la réponse de la plateforme.
«C'est de la censure»
«Leur décision est absurde, juge le conseiller administratif Sami Kanaan, en charge du Département de la culture et des sports de la Ville de Genève. C'est de la censure. Ils laissent passer des discours haineux ou des manipulations électorales, tout en interdisant des images d'œuvres d'art. Ils ont un agenda des priorités douteux. C'est problématique.»
Le maire de Genève rappelle que, si c'est la première fois que cela arrive à un musée genevois, plusieurs images d'œuvres d'art ont déjà été interdites par le passé sur le réseau social. On se souviendra du fameux exemple du tableau de Gustave Courbet, «L'Origine du monde», représentant un sexe féminin, dont la censure avait fait polémique, il y a quelques années.
Dialogue difficile, voire impossible
La Municipalité peut-elle agir auprès de Facebook au sujet de ce problème? Difficile, selon Sami Kanaan: «Le MAH peut leur envoyer un mail, mais on ne sait pas à qui, explique-t-il. Il n'est pas possible d'avoir un dialogue transparent avec un interlocuteur. Cela pose problème.»
De son côté, le MAH indique ne pas avoir été surpris par la réaction de la plateforme: «On sait que cela est déjà arrivé, mais c'est dommageable», déclare Sylvie Treglia-Detraz, responsable de la communication du musée.
Une alternative
L'institution ne va pas abandonner pour autant la promotion de son exposition sur Facebook. Elle indique avoir trouvé une solution alternative, soit une animation autour de César, qu'elle mettra en ligne dès la semaine prochaine.
L'exposition «César et le Rhône» se tient du 8 février au 26 mai 2019. Elle propose d'explorer de manière immersive la colonie d'Arles, fondée en 46 avant J.-C. par Jules César, qui était passé par Genève quelques années plus tôt. Plus de 400 œuvres inédites en Suisse pourront être admirées à cette occasion.