GenèveLes voleurs ultraviolents prennent 14 ans et 16 ans
Le Tribunal criminel a condamné pour tentative d'assassinat deux Marocains drogués et errants qui avaient poignardé dix fois une de leurs victimes.

Sans la présence miraculeuse de pompiers, la victime principale serait morte quelques minutes seulement après avoir été poignardée.
iStockLe 11 décembre 2017, marchant en pleine nuit dans le quartier de la Servette, alcoolisé, un homme avait été pris pour cible par deux délinquants désireux de le détrousser. Ils avaient alors fait preuve d'une violence inouïe. Le maintenant assis au sol, ils lui avaient infligé six coups de couteau dans l'abdomen et le thorax, en plus de quatre autres dans les jambes et les fesses. Seul le fait que, par miracle, des pompiers se trouvaient dans la rue à ce moment lui avait permis de survivre. Ce vendredi, le Tribunal criminel a condamné les deux prévenus pour tentative d'assassinat, mais aussi pour, notamment, des brigandages aggravés et des vols perpétrés à la même période. Ces Marocains, drogués et à la dérive, âgés de 33 ans et 20 ans, ont respectivement écopé de 16 ans et 14 ans de prison. Au terme de leur peine, ils seront expulsés de Suisse, à vie pour le premier, 12 ans pour le second.
Victimes isolées, alcoolisées, vulnérables
La présidente du tribunal, Katalyn Billy, a souligné que les coups de couteau avaient été infligés «froidement, de manière mécanique, avec force et détermination». Les deux hommes désiraient «faire régner leur loi sans hésiter à sacrifier la vie d'une personne dont ils n'avaient pas eu à souffrir», si ce n'est qu'elle ne s'était pas laissée faire. Comme pour les autres brigandages, également commis avec un couteau, les prévenus avaient choisi «des victimes isolées, alcoolisées, vulnérables», et fait usage de «violence gratuite et inutile, inversement proportionnelle au butin espéré, soit des téléphones portables et quelques dizaines, voire centaines de francs».
Déjà condamné à dix reprises
Le parcours de vie chaotique des condamnés, partis très jeunes du Maroc (à 11 ans et 14 ans), pas ou peu scolarisés, en errance à travers l'Europe, volant pour vivre et accro aux drogues, «n'excuse pas les vols et n'explique en aucun cas la violence et la brutalité», a estimé la magistrate, qui a fait état de leur «prise de conscience inexistante». Elle a rappelé que le plus âgé avait déjà été condamné à dix reprises en Suisse, et qu'il avait commis ses crimes un mois et demi après sa dernière sortie de prison. «Son parcours démontre qu'il est durablement ancré dans la délinquance» et «son pronostic est très défavorable». Quant au plus jeune, adepte du «tourisme de la délinquance», déjà condamné au Luxembourg et en Allemagne, son jeune âge allégué ne peut lui valoir une peine atténuée pour cause d'immaturité. «Le dossier démontre qu'il n'est pas immature: au contraire, il se débrouille dans la rue depuis son plus jeune âge.»